Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Marthe, Marthe ! (Lc 10, 38-42)

18 juillet 2016, par Jean-Louis Cathala

Cette histoire de Marthe et Marie, nous avons l’habitude de la lire comme une comparaison entre la “vie active” et la “vie contemplative”, celle-ci étant comprise comme la “meilleure part”. Ce genre de lecture a engendré des clichés à la vie dure : Une mère de famille débordée, par exemple, ne pourrait pas avoir une vie d’union intime avec le Seigneur ; ou encore, la « dignité » du prêtre serait incompatible avec le travail manuel ! Tout cela, en fait, procède d’un mépris bien peu évangélique pour les choses ordinaires de la vie.

Une autre interprétation de ce récit est possible : D’une part, nous avons entendu que Marie se tient « assise aux pieds du Seigneur » (Verset 39). Dans les Ecritures, ce n’est pas, à proprement parler, une attitude de prière, mais celle de l’écoute de la Parole ( Lire : Deutéronome chapitre 33, verset 3). Pour St Luc, c’est précisément la posture du disciple : Dans les Actes des Apôtres, Paul nous dit avoir été formé « aux pieds de Gamaliel », un des grands Docteurs de la Torah ( Actes chap. 22, verset 3). Vous voyez ! l’Evangile ne nous présente pas seulement une pieuse femme, mais une véritable disciple du Christ.

D’autre part, ce qui fonde une autre interprétation de ce récit, c’est surtout qu’il est possible de traduire le dernier verset par : « Marie a choisi la bonne part », et non : « la meilleure part ». (Le texte original stipule : Agathen merida : la bonne part. On peut certes traduire par « meilleure », puisque le Grec des évangiles ne possède pas de comparatif. Mais on a aussi le droit de traduire tout simplement par « bonne ». ) Quand on affirme qu’une chose est bonne, on n’établit pas une comparaison ! Souvent, vous le savez bien, nous passons notre temps à nous comparer, et cela nous empêche de reconnaître ce qu’il y a de formidable en nous-mêmes et dans le cœur des autres. Jésus, lui, ne compare pas ! Il vient nous libérer de nos complexes d’infériorité et de supériorité et des catégories dans lesquelles nous enfermons les gens. La bonne part et l’unique nécessaire, dans ce texte, c’est donc tout simplement l’appel universel à vivre en devenant disciples du Seigneur. Seules l’inquiétude et l’agitation excessives (Verset 42), et non les engagements concrets, peuvent atténuer notre présence à sa présence. Et puisque cet Evangile nous délivre de la comparaison, il nous donne à comprendre que cette bonne part est pour toutes les « Marthes » de la terre ; toutes ces femmes qui ont des travaux pénibles et mal considérés. Nous pouvons être de vrais disciples au milieu des casseroles et des serpillières.