L’enfant de l’avenir - Homélie de Noël 2024

Voici quelques jours, je lisais dans un journal que selon un sondage, du moins en Occident, 30 % des femmes en âge de procréer ne souhaiteraient pas donner naissance à un enfant ; pour beaucoup, avec le réchauffement du climat et toutes la violence de notre monde, l’espèce humaine serait en voie d’extinction !

Et voilà qu’en cette nuit, Luc nous raconte la naissance d’un enfant qui serait la Consolation d’Israël et le Sauveur, selon la signification de son nom : Jechouah ! Quel avenir nous offre-t-il ? Pour nous, ce nourrisson fragile, c’est la source, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous ; pour de bon ; pour toujours. Le Premier-né de Marie est déjà le Premier-né d’entre les morts, et nous sommes appelés à naître avec lui, à renaître en lui. D’abord au quotidien – une personne qui se relève de la maladie, de la solitude, de l’exil, c’est déjà la résurrection – mais dans la foi, nous comprenons que la nouvelle naissance adviendra quoi qu’il arrive ; elle se joue de tous les chemins sans espoir et sans vie de notre actualité.

St Jean, lui, nous parle du Verbe fait chair. Son Prologue illumine la belle histoire en clair-obscur de Bethléem. De fait, « l’incarnation » - un Dieu qui partage notre vie – déborde de toute part la nuit de la Nativité. En amont, depuis le commencement du monde, en toute culture et en toute religion, Dieu vient vers l’Homme par son Esprit et son Verbe, sa Parole éternelle. Depuis toujours, il est un Dieu-pour-nous. En aval, tout au long de la vie de Jésus, Dieu s’unit toute humanité en s’identifiant à la vie d’un homme concret jusqu’à mourir d’amour. Et dans la force de l’Esprit Saint et de la résurrection, nous naissons à la vie de Dieu en naissant pleinement à la nôtre, jour après jour. Les pères de l’Église l’enseignaient déjà : Dieu s’est fait homme, pour que l’homme soit fait Dieu. Chers amis, ce soir, dans le récit de la venue d’un enfant improbable, mais tant attendu, nous entrevoyons notre avenir.