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Diocèse de Montpellier

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Vautrés sur leurs divans (Amos 6 )

27 septembre 2016, par Jean-Louis Cathala

Vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau…

Le grand dessein de l’amour de Dieu, c’est que tous aient la vie en abondance et que nous entrions de plus en plus dans ce Royaume avec un monde où la dignité de tous est respectée. On en est loin, très loin ! A la suite d’Amos et de Jésus, notre vocation prophétique nous demande d’annoncer l’Évangile. Annoncer, ce n’est pas seulement énoncer, mais aussi dénoncer tout ce qui abîme le Royaume. Nous pouvons certes nous payer de mots en critiquant les autres sans être nous-mêmes cohérents, et ceux qui auraient vraiment besoin d’entendre nos paroles ne viennent pas écouter nos sermons, mais comment prétendre annoncer le Bien sans jamais dénoncer le mal ?

Deux petits exemples parmi tant d’autres. Le premier : en Afrique, une association de défense des droits des aides ménagères voit échouer dans ses locaux de toutes jeunes filles soumises à un semi-esclavage, voire à des abus sexuels par des employeurs. Je cite le journal du CCFD : Elles «  sont envoyées en ville par leurs parents pour trouver du travail parce qu’ils ont perdu leurs parcelles, vendues sous la pression ou accaparées par des investisseurs... » (Faim et développement – N° 294, p.9) Tout se tient !

Deuxième exemple : selon le Quotidien La Croix (du 14 septembre 2016, p. 10) qui fait référence à un pays emblématique, «  la guerre civile qui ravage depuis trois ans (ce nouvel État) est une excellente affaire financière pour les potentats qui s’y déchirent…Les familles des élites…vivent souvent à l’étranger dans des villas de plusieurs millions de dollars, passent leurs vacances dans des hôtels cinq étoiles et récoltent les bénéfices de ce qui semble être un système de népotisme et de contrats frauduleux ».

Vautrés sur leurs divans.

Le Prophète Amos prêche sous Jéroboam II dans le royaume du nord, appelé Israël, au VIIIième siècle avant notre ère ; une période de réussite économique où le luxe des grands insulte la misère du petit peuple de Dieu et où la splendeur du culte masque une religion superficielle. Et Amos, en vrai prophète de malheur, dénonce les injustices et les fausses assurances. Et pour la première fois dans les Écritures, dans ce contexte sombre de l’annonce du châtiment de Dieu, le Livre d’Amos parle du « Jour de YHVH »(Chapitre 5, verset 18). Pourtant, au cœur de ces perspectives pas très réjouissantes, le prophète annonce le salut pour le petit « reste » de la Maison de Jacob (Chapitre 9, verset 8). Vous irez lire ou relire ce petit livre de neuf chapitres. Ce n’est pas un long fleuve tranquille, mais une suite décousue de visions bizarres, de menaces et d’exhortations. Tout cela est quelque peu vigoureux, une vigueur au service de notre conversion ! Écoutez ceci : « Haïssez le mal, aimez le bien, et faites régner le droit à la Porte » (Chapitre 5, verset 15). C’est toujours bon à prendre, non ?