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Comme le soleil se levait

2 avril 2024, par Jean-Louis Cathala

Marc 16, 1-8 Vigile pascale 2024 St Paul Mpl

Christ est ressuscité, Alléluia ! Après avoir allumé le cierge pascal, nous avons entonné l’Exultet pour chanter notre bonheur ; et croyez-moi, tout à l’heure, au moment des baptêmes, il y aura de la joie, la joie de la vie plus forte que la mort !

Rien de tel dans ce passage de l’Évangile selon Marc, tout empreint de pudeur, de crainte et de trouble…

La résurrection du Seigneur est le cri le plus originel du Nouveau Testament ; on y rencontre d’abord les annonces enthousiastes de l’Exaltation du Christ, surtout dans les Lettres de Paul. Puis viennent les textes des quatre évangiles sur le « tombeau vide » et les apparitions du Ressuscité ; des récits que l’on aurait du mal à faire concorder. Leur diversité signe leur authenticité ; on est loin de la version officielle, unique et sacralisée, de toutes les entreprises totalitaires.

Je vous propose de reprendre 5 versets de ce récit du chapitre 16 de Marc dans une autre version :

  • Verset 2 : Et tôt, le matin, le premier (jour) de la semaine, elles viennent au tombeau le soleil s’étant levé (…)
  • Verset 5 : Et étant entrées dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche, et elles furent stupéfaites.
  • Verset 6 : Celui-ci leur dit : « Ne soyez pas stupéfaites. Vous cherchez Jésus le Nazarénien, le crucifié ? Il est réveillé, il n’est pas ici. Voici le lieu où ils l’ont déposé.
  • Verset 7 : Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez ainsi qu’il vous a dit.
  • Verset 8 : Et étant sorties, elles s’enfuirent loin du tombeau, car les tenaient tremblement et trouble, et elles ne dirent rien à personne ; elles avaient peur en effet…

1ère remarque : Dans cette relecture, j’ai ajouté le verset 8, absent dans la version liturgique, peut-être pour ne pas gâcher notre joie pascale ! Ce verset est en fait le tout dernier de cet évangile, du moins dans sa version originelle. Marc se conclut ainsi sur une note de de silence devant le mystère… L’évangile le plus ancien ne contient aucune apparition du Ressuscité, comme pour nous dire, encore aujourd’hui : « Circulez ! Ici, il n’y a rien à voir ; vous êtes au mauvais endroit si vous cherchez le Vivant parmi les morts…. C’est dans votre vie quotidienne et tournés vers l’avenir que dans la foi, vous verrez le Ressuscité, au-delà de vos craintes.

2ième remarque : Le verset 5 évoque sobrement un « homme vêtu d’une robe blanche ». J’ai lu quelque part que ces récits des femmes au tombeau avaient peut-être une origine liturgique ; très tôt après la mort de Jésus, ses disciples seraient venus en pèlerinage à Jérusalem sur le lieu supposé de son ensevelissement ; lors d’une célébration, comme ce soir, un homme en habit blanc liturgique les encourageait à ne pas demeurer nostalgiquement sur le lieu de la disparition du Maître, mais plutôt à guetter les signes de son action et de sa présence dans leur vie concrète – « en Galilée », dit le texte - et à dépasser la peur – entre autres sans doute celle des persécutions - pour annoncer la résurrection !

3ième remarque  : Au verset 2, il me semble malgré tout entrevoir dans ce récit une allusion au Relèvement du Christ de la mort lorsqu’il est précisé que « le soleil se levait » ; en grec, c’est le même verbe que l’on retrouve dans la Deuxième Lettre de Pierre qui nous invite à fixer nos regards sur la parole des prophètes « jusqu’à ce que luise le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs » (1, 19). Cette « étoile radieuse du matin » dont nous parle aussi l’Apocalypse de Jean (22, 16), c’est le Seigneur Jésus, le Vivant que nous attendons !

Que conclure ? Que conclure sans conclure ! Christ est vraiment ressuscité ! Sachons nous réjouir, mais n’oublions pas ces femmes devant le tombeau. La nuit de Pâques met en valeur la lumière de nos cierges et le soleil, n’en doutons pas, va se lever pour toujours. Mais n’oublions pas notre monde, ses obscurités, ses larmes et ses lieux de désespoir. Sachons crier notre joie pascale, mais aussi croire et attendre dans le trouble, dans les épreuves, dans l’humilité. Par la mort en croix de Jésus, nous sommes pardonnés et déjà sauvés de la mort ; mais tout n’est pas encore pleinement accompli.

Nous sommes encore dans la nuit. La venue définitive du Christ est encore à venir. Marana tha, viens Seigneur Jésus !