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Diocèse de Montpellier

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Un messie transfiguré

20 août 2023, par Jean-Louis Cathala

Dn 7, 9-14 Transfiguration 2023 St Paul Mpl

Quel est ce personnage métamorphosé sur la montagne ?

La fin de notre récit de la Transfiguration évoque le « fils de l’homme » (Matthieu, chapitre 17, versets 9 ) . Dans les évangiles, cette expression se réfère presque toujours au chapitre 7 du Livre de Daniel ; devant la cruauté des Empires de l’époque, le prophète entrevoit une libération qui doit désormais venir du ciel. Le Royaume qu’il appelle de ses vœux est symbolisé par l’intronisation de ce mystérieux fils de l’homme, figure à la fois collective ( les « saints du Très-Haut » des versets 18 et 22) et personnelle ; à l’accomplissement des temps, il reçoit un royaume qui n’aura pas de fin (verset 14) ; cela vous rappelle quelque chose, non ? (L’annonciation, pardi !) Dans la tradition juive, entre Daniel et le Nouveau Testament, le fils de l’homme a en quelque sorte fusionné avec le Messie fils de David. Ainsi, au premier siècle de notre ère, le fils de l’homme était « attendu comme le messie » (si l’on peut dire !), y compris par Jésus ! ce n’est pas pour rien - les évangiles en ont gardé la trace – que celui-ci en parle à la troisième personne ; mais peu à peu – a-t-on le droit de supposer - la référence à cette figure est devenue tellement centrale dans son cœur qu’il a fini par comprendre que le fils de l’homme, c’était lui ! Selon l’exégète André Paul, ce personnage métamorphosé sur la montagne est bien « la transfiguration véritable de toutes les variantes possibles du messie national d’Israël » ( La Bible – retenir l’essentiel – Nathan 2021 – p. 97). Et certains chercheurs soulignent que beaucoup de juifs au 1er siècle attendaient un sauveur qui serait divin et qui viendrait sur terre sous une forme humaine (Daniel Boyarin - « Le Christ juif » - Cerf 2013) ; ces réflexions prennent à contre-pied une idée reçue qui voudrait que le Christ ait été simplement un prédicateur galiléen un peu marginal auquel on aurait, après coup, donné un statut divin sous l’influence de notions grecques étrangères à la foi juive. Non ; ce n’est pas l’Église qui a donné à l’homme de Nazareth une dimension transcendante après sa mort ; le Christ divin existait déjà dans la foi et l’espérance d’Israël avant même la naissance de Jésus !

Aujourd’hui, nous voici devant lui, l’Homme nouveau, le messie transfiguré sur la montagne. Le contempler, c’est l’écouter ; l’écouter, c’est mettre en pratique son Évangile ; vivre l’Évangile, c’est entrer dans la lumière. Oui, à la suite du Premier-né d’entre les morts, nous sommes appelés, nous-aussi, avec tous les saints du Très-Haut, libérés de toutes nos obscurités, à briller comme le soleil dans le Royaume de notre Père ( Matthieu chapitre 13, verset 43).