Gabaôn

Quand nous prions, nous restons parfois désespérément enfermés en nous-mêmes. Pourtant, c’est peut-être votre expérience, la prière est une école de décentrement de soi. Prier, c’est se tourner résolument vers Dieu et vers les autres.

Cela étant, il est aussi légitime de demander quelque chose pour soi-même ! Au chapitre 3 du Premier Livre des Rois, le Songe de Gabaôn est souvent médité au début des retraites afin d’implorer le don du discernement. Le contexte, c’est le début du règne de Salomon, le magnifique ; c’était avant le schisme entre les Royaumes d’Israël au nord et de Juda au sud. Salomon sera honoré comme bâtisseur du Temple et maître de sagesse (chap. 6 et 4, 9-14).

Que nous enseignent ces versets ? La prière du roi, c’est d’abord de recevoir une intelligence pratique, politique, afin de gouverner ce peuple dont il sent qu’il n’est pas le Maître véritable (verset 9). Il demande « un cœur qui écoute » ; pour les croyants, l’appel à la sagesse de la foi est lié à l’écoute d’un Dieu qui nous rend libres et qui nous veut du bien. Et le texte évoque le discernement entre le bien et le mal : une expression à lire en lien avec le récit de la Genèse sur l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur (chapitre 2, verset 9). Mais alors que dans la Genèse l’être humain veut s’emparer de cette connaissance en exigeant de pouvoir lui-même décider tout seul et sans Dieu de ce qui est bien ou mal - une tentation de tous les temps - Salomon, lui, demande humblement à recevoir le discernement de la main de son Seigneur, source de tout Bien  ! Est-ce déjà une guérison de la faute de la Genèse ? De fait, à quoi bon nous agiter de jour en jour si ce n’est pour que nos vies soient belles et bonnes et que nous trouvions le bonheur ? Jésus dira : « Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout vous sera donné par surcroît » (Matthieu, chap. 6, 33) : une vraie sagesse à demander pour chacune et chacun d’entre nous !