Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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La zizanie

20 août 2023, par Jean-Louis Cathala

Mt 13, 24-35 16° A 23.07.23 St Paul MPL

Nous venons d’entendre trois « paraboles » selon Matthieu : celle de l’ivraie (que la version de Sr Jeanne d’Arc nomme « la zizanie » ), celle du grain de sénevé et celle du levain ; ainsi que deux versets qui sont comme une première conclusion du long discours du chapitre 13 (versets 34 et 35). En revanche, nous n’avons pas lu l’explication de la parabole de l’ivraie ajoutée par les catéchistes de la communauté de Matthieu ; il n’est pas sûr, en effet, que le Maître ait lui-même articulé des propos qui transforment sa parabole en une allégorie un peu scolaire.

Mais pourquoi Jésus parle-t-il en paraboles ? Au début du chapitre 13 de Matthieu, entendu dimanche dernier, il semblait nous dire que les paraboles étaient un moyen pour que tous ne puissent pas comprendre les « mystères du Royaume des cieux » (verset 11). Les paraboles participeraient ainsi de la révélation selon l’Évangile, destinée aux tout-petits et non aux sages et aux savants. Dans les versets de ce matin (34 et 35), le motif est différent ; ici, la parabole est tout simplement le moyen approprié pour la révélation à tous de ces mystères cachés « depuis la fondation du monde ». Je le rappelle : au sens du Nouveau Testament, le mystère n’est pas quelque chose d’impossible à comprendre ni une connaissance réservée à des initiés, mais le dessein éternel de Dieu tel qu’il s’est justement manifesté à tous en Jésus-Christ.

Que dire enfin sur la parabole de la zizanie ? Dimanche dernier, les grains tombaient un peu n’importe où. Aujourd’hui, toute la bonne semence est semée dans le champ (verset 24), ainsi que la zizanie – ou l’ivraie - semée par l’ennemi (verset 25). Et l’histoire va jusqu’à la moisson, l’heure de vérité et des clarifications salutaires qui suit celle de la zizanie ; et aussi l’heure du discernement ultime, appelé jugement dernier (verset 30) ; alors, la bonne part du blé sera séparée de l’ivraie. Ces versets invitent à la patience, qui n’était pas le fort de Jean-Baptiste (chapitre 3, verset 12). Cette patience est la bienvenue pour la petite communauté de Matthieu, minoritaire dans un milieu pharisien resté globalement imperméable à la Seigneurie de Jésus de Nazareth. Pour le Baptiste, la moisson était proche et cela allait barder ! Ici, dans un autre contexte, l’Évangile affirme l’existence d’un temps intermédiaire. Dieu est patient. Il donne du temps au temps et permet la croissance dans la liberté. Et nous y sommes encore, aujourd’hui ! Notre Père est le Maître de l’histoire et son Esprit accompagne avec bienveillance une humanité dans laquelle poussent et le bon grain et la zizanie. Nous sommes, dans cet entre-deux de la croissance, appelés à aimer le monde et l’Église ; à aimer les gens de nos quartiers malgré la saleté et les incivilités. Une chose est sûre : Christ a vaincu la mort. Sa victoire est certaine et nous pouvons espérer que tous, nous finirons, avec l’humanité tout entière, dans le bon grenier du Royaume des cieux.