Glorifie ton Fils

Lors d’une soirée avec CIME, le Pasteur Élian Cuvillier, notre voisin de La Paillade, invitait à lire la Bible à chaque fois avec étonnement et attention, avec un regard neuf qui fait abstraction des lectures précédentes et de ce que nous croyons déjà savoir sur un texte. Dans cet esprit, je relève un seul aspect de notre page de l’Évangile selon Jean ( chapitre 17, versets 1 à 11 ) : Nous y rencontrons cinq fois le verbe « glorifier ». Glorifier, en hébreu, c’est donner du poids à quelqu’un. L’hébreu est une langue concrète, mais nous avons le droit d’essayer de traduire par : « donner de l’importance », « permettre à quelqu’un de prendre toute sa dimension, de manifester toute sa valeur »… C’est le repas d’adieu du Seigneur. Puisque l’heure est venue, Jésus demande au Père de le glorifier afin qu’il puisse, lui, le Fils, glorifier le Père en retour. St Jean nous permet d’entrevoir que le grand désir du Christ est de donner du poids à son Père en accomplissant sa volonté, en allant vers une glorification accomplie par l’unique mouvement de la Crucifixion et de l’Élévation, c’est-à-dire la résurrection. Le Fils glorifie ainsi le Père et le Père prolonge cet acte d’amour et d’abandon du Fils en glorifiant celui-ci. De quelle façon ? En donnant la vie éternelle à tous ceux que le Père a donné au Fils. Vous voyez ! La glorification réciproque du Père et du Fils est tournée vers les autres, vers nous tous, appelés à participer à la vie éternelle, c’est-à-dire à une connaissance d’amour, une pénétration dans la vie-même de Dieu.

Voilà ; tout est dit ! Sinon pour ajouter que ces propos qui nous semblent planer dans l’abstrait relèvent de la chair de notre quotidien si nous entrevoyons, à rebours des vents dominants, que donner du poids aux autres, leur permettre de prendre leur envol sans les posséder, c’est du gagnant-gagnant ; car c’est ainsi, dans le don gratuit et le décentrement, que nous donnons nous-mêmes tout notre poids, que nous prenons de l’importance, que nous sommes « énormes », comme disent les jeunes ! Et c’est alors, déjà, pour tous, la vie éternelle, la vie en Dieu, ici et maintenant  !