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L’Apocalypse et l’Agneau

1er mai 2022, par Jean-Louis Cathala

Ap 5, 11-14 3ième Pâq 01.05.22 St Tho. MPL

Durant 6 semaines, nous entendons l’Apocalypse de Jean. Je vous propose une longue introduction qui sera aussi notre homélie. Ce Livre absolument magnifique mérite le détour. Il est certes difficile à interpréter et source de fantasmes, car il parle sous forme de visions symboliques dont le symbolisme nous échappe partiellement ; mais goûter les symboles, c’est une façon de nourrir la foi ! Le premier mot de l’ouvrage – apokalypsis - à traduire par « dévoilement » ou « révélation », donne son nom au genre littéraire appelé « apocalyptique ». Cette littérature, proche du genre prophétique, se retrouve dans certains versets des évangiles. La façon de procéder, c’est de tourner le regard des lecteurs vers l’accomplissement des temps afin d’affermir leur espérance. Pour autant, l’Apocalypse de Jean n’a pas pour contenu ni pour intention de décrire tel ou tel scénario concernant l’avenir de l’humanité et la fin du monde. Non ! Oublions cela et n’ayons pas peur ! C’est plutôt une œuvre d’art pour nous encourager à vivre d’âge en âge dans la confiance au Ressuscité, le Maître de l’histoire ! Il ne s’agit pas d’un ouvrage ésotérique, malgré un langage codé pour que les persécuteurs de l’époque, étrangers à la culture judaïque, ne puissent pas comprendre. Le texte a eu du mal à se faire admettre. A Rome, à la fin du IIième siècle, on y voit un document hérétique. On l’exclut parfois, comme en Orient, de la liste du Nouveau Testament, mais il finit par s’imposer partout et on le met à la dernière place, comme un merveilleux chant d’apothéose de toutes les Écritures ! L’Apocalypse de Jean semble planer entre ciel et terre, mais en fait, elle est bien enracinée dans l’histoire. Son auteur connaît la situation concrète des communautés d’Asie Mineure de la fin du 1er siècle. Il les appelle à la patience et à une vraie conversion. Et il critique les abus de pouvoir et la folie d’un Empereur presque divinisé. Ce texte dénonce tous les totalitarismes de l’histoire, de Rome à Poutine. Le drame se noue et se dénoue autour du Christ vainqueur du Mal et de la mort et laisse entrevoir, au-delà de toutes les douleurs du monde, la joie indicible de la vie dans la Jérusalem nouvelle. La révélation de toute la Bible se termine sur une parole de recréation : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (chapitre 21, verset 5) ; et sur la promesse de la venue de «  l’Alpha et l’Omega » (chapitre 22, verset 13). Christ est vraiment ressuscité ! Et la Vie est plus forte que l’absurde, que les bombes et que la mort. Viens, Seigneur Jésus !

Le passage que nous lisons ce matin est une vision d’où jaillit une hymne : Louange, honneur et gloire à l’agneau de Dieu ! Dans l’Apocalypse, le Ressuscité reçoit bien des titres ; L’Agneau est celui qui rappelle l’agneau pascal qui participe dans l’Exode à la libération des Hébreux (chapitre 12). C’est aussi une allusion au Serviteur souffrant du Livre d’Isaïe (chapitres 52 et 53) qui va à la mort sans ouvrir la bouche. L’Agneau vient enfin du Livre d’Hénoch, un autre ouvrage apocalyptique, qui place non une forte bête, mais un agneau en tête du combat contre les forces du mal. Et parce qu’il est sorti vainqueur, l’Agneau de l’Apocalypse de Jean est associé à Dieu. Les symboles se conjuguent sans se contredire : l’Agneau est Pasteur ; le Serviteur est Roi. Selon un grand exégète, il s’agit d’« un trône à deux places pour une royauté unique. Le Christ et Dieu ne sont qu’un seul et même Dieu » ( Ap chapitre 22, verset 3. André Paul – Aujourd’hui l’Apocalypse- Cerf 2020 pp. 152 et 153). Et par la médiation de l’Agneau, la royauté divine devient celle des rachetés que nous sommes. Nous aussi, nous aurons le privilège de siéger sur un trône ! Amen, Alleluia !