Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Heureux, vous les pauvres

16 février 2022, par Jean-Louis Cathala

Lc 6, 20-26 6ième C. 13.02.22 St Paul Mpl

En ce dimanche de la santé, nous commentons ces Béatitudes selon Luc avec un texte de José Antonio Pagola. Je l’introduis en soulignant trois points :

  • Tout d’abord – premier point – les Béatitudes posent la question du salut. Le salut dans le Christ, c’est la rencontre avec un Dieu qui nous aime ; c’est la délivrance du péché, du mal et de la mort et la divinisation par la grâce du Saint Esprit. La santé, c’est essentiel, mais le salut, ce n’est pas simplement la santé. La libération dans le Christ est plus fondamentale et définitive que toute libération au sens politique, économique, social, écologique ou psychologique. Mais attention ! Ce serait oublier l’Évangile que de négliger toutes ces dimensions que je viens d’énumérer.

  • D’autre part - deuxième point - c’est avec la même tendresse que le Ressuscité est à la fois du côté des malades et du côté des humiliés.

  • Enfin – troisième point - la foi nous aide à accepter avec courage nos misères ; rien ne nous séparera de l’amour du Christ ! Mais la confiance en Dieu n’est pas la résignation devant la souffrance et l’injustice. La foi nous invite aussi à travailler afin que tous aient une vie digne, belle et bonne.

Heureux, vous les pauvres

Jésus annonce sans ambages que le Royaume de Dieu est pour les pauvres. Il a sous les yeux ces gens humiliés dans leurs villages, sans défense en face des grands propriétaires ; il connaît bien la faim des enfants sous-alimentés ; il a vu pleurer de rage et d’impuissance ces paysans, lorsque les collecteurs d’impôts venaient emporter à Séphoris ou à Tibériade le meilleur de leurs récoltes. Ce sont eux d’abord, qui doivent les premiers entendre la nouvelle du Royaume : « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous. - Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. - Heureux vous qui pleurez, car vous rirez. » Jésus les déclare bienheureux, alors même qu’ils vivent cette situation injuste, non pas parce qu’ils seront riches comme les grands propriétaires, mais parce que Dieu arrive et va en finir avec la famine et faire refleurir le sourire sur leurs lèvres. Il s’en réjouit d’avance avec eux. Il ne les invite pas à la résignation, mais à l’espoir. Il ne veut pas qu’ils se fassent des illusions, mais qu’ils retrouvent leur dignité. Tous doivent savoir que Dieu est le défenseur des pauvres : ce sont ses préférés (…)

Jésus ne parle pas de la « pauvreté « dans l’abstrait, mais des pauvres qu’il fréquente quand il parcourt les villages (…) S’il avait annoncé l’avènement du Royaume de Dieu pour le bonheur des justes, cela aurait été logique, et tous l’auraient compris, mais que Dieu défende les pauvres, sans tenir compte de leurs qualités morales, voilà le scandale (…) Jésus n’a jamais défendu les pauvres pour leurs vertus ou leurs qualités. Il est bien probable que ces paysans n’étaient pas meilleurs que les puissants qui les opprimaient ; eux aussi abusaient des plus faibles qu’eux, et exigeaient le remboursement des dettes sans la moindre pitié. En proclamant la liste des bienheureux, Jésus ne dit pas que les pauvres sont bons et vertueux, mais qu’ils souffrent injustement. S’ils ont la préférence de Dieu, ce n’est pas qu’ils le méritent, mais qu’ils en ont besoin. Dieu, Père miséricordieux de tous, ne peut régner qu’en instituant la justice pour ceux à qui personne ne la rend. C’est ce qui éveille une grande joie en Jésus : Dieu défend ceux que personne ne défend.