Il me semble que les enfants accueillent…

Il me semble que les enfants accueillent d’instinct la belle lumière de Noël. C’est une histoire qui leur parle. Pas besoin de leur faire un long discours ! Je vais donc m’adresser aux adultes…

Des siècles de tradition religieuse se sont accumulés sur la crèche, avec leur poids de clarté et de vérité, mais aussi avec bien des malentendus. Comment redire la Nativité de notre Seigneur d’une façon audible pour les gens de notre temps qui ont vite fait – et on les comprend - de sourire avec indulgence de ces vieilles histoires sacrées un peu mystérieuses ? Comment traduire ici et maintenant ce que l’Église appelle l’ « Incarnation », une donnée essentielle de notre foi ?

« Dieu s’est fait Homme… », a-t-on l’habitude de dire et croire chez les chrétiens. Mais il convient d’ajouter, comme le faisaient les théologiens des premiers siècles : « pour que l’Homme soit fait Dieu ! » Jésus n’est pas un visiteur divin parmi d’autres, tombé du ciel et « déguisé » en être humain. Il est plutôt celui qui une fois pour toutes, une fois dans toute la grande histoire et pour toujours, au cœur de la nuit de Noël et de toute nuit, révèle et assume humblement et pleinement la dimension infinie de notre humanité. L’Homme passe l’Homme. L’humain est fini, et pourtant infini ! Nous ne sommes certes pas une goutte d’eau dans l’océan de Dieu, mais grâce à la venue du Messie mort et ressuscité, par lui, avec lui et en lui, nous recevons la grâce de pouvoir expérimenter en notre chair une conscience nouvelle, universelle, infinie. Nous demeurons en Dieu et nous y demeurons en tant qu’Hommes. L’incarnation, c’est Dieu qui s’humanise vraiment pour que nous soyons divinisés !

Oui, le bois de la Crèche et de la Croix nous révèle que c’est en étant pleinement et fragilement humains, vulnérables, que nous devenons Enfants de Dieu. La Nativité nous appelle à faire éclater toutes nos étroitesses, nos petites idéologies et même nos petites religions, pour devenir de plus en plus humains, tout bonnement humains, fraternels,
universels, solidaires et proches des pauvres, comme Jésus.