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Diocèse de Montpellier

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La farine et la vie

13 novembre 2021, par Jean-Louis Cathala

1 Rs 17, 10-16 31°B 07.11.21 St Thomas Montpellier

Le miracle de la farine et de l’huile au chapitre 17 du Premier Livre des Rois est un classique de la messe dominicale et un très beau récit que vous avez, j’en suis sûr, écouté avec beaucoup d’attention. En quoi cette histoire si ancienne peut-elle nous parler ? Cet après-midi, après la sieste, vous pourrez relire l’ensemble de ce chapitre 17. Car pour accueillir ce texte, comme tant d’autres, il est bon de le lire dans son contexte : Au début du chapitre, nous assistons à l’apparition d’Élie le Tishbite sur la scène de l’Histoire. Nous sommes sous le règne d’Akhab, au IX° siècle. Akhab a épousé Jézabel, originaire de Phénicie. Elle massacre allègrement les prophètes qui refusent de servir son dieu Baal. On ne sait pas grand-chose d’Élie, mais il est intransigeant et prêt à tout pour servir Yhwh vivant, le Dieu d’Israël. D’emblée, il annonce un fléau vengeur : le culte de Baal va être puni par un long temps de sécheresse. Dans les versets suivants, Yhwh expédie son prophète de feu se calmer au bord d’un torrent situé chez les païens, à l’est du Jourdain. Là, il se la coule douce, boit beaucoup d’eau ; il est nourri en abondance soit par des « corbeaux », soit par des « arabes », c’est selon la vocalisation du texte original hébreu. Et puis, le torrent s’assèche et Yhwh envoie notre pèlerin vengeur vers l’ouest, du côté de la Phénicie, auprès d’une pauvre veuve païenne forcée de lui donner à manger alors qu’elle manque de tout. Trop exigeant, ce prophète ! Mais là, il posera deux signes. D’abord, la jarre de farine ne s’épuisera pas et la cruche d’huile ne se videra pas jusqu’au retour de la pluie. Et ensuite, dans des versets que nous n’avons pas lu, il fera revenir à la vie le fils de la veuve.

Que pouvons-nous recueillir de l’ensemble de ce récit ? Je vous partage le peu que je crois comprendre :

* D’abord, première remarque, Élie semble au moment de son entrée en scène un homme sûr de soi et sûr de sa foi. Il court partout au nom de son Dieu et à sa recherche. Mais c’est un Dieu vengeur, un Dieu puissant. Au-delà des apparences, Élie n’est pas si puissant ; il serait peut-être mort de faim sans le secours des corbeaux (ou des voisins arabes) et sans la bonté de cette veuve étrangère. Son Dieu, le Dieu véritable, Élie le rencontrera beaucoup plus tard, au creux de la caverne, « dans le son d’un silence subtil » (chapitre 19, verset 12).
Demandons-nous toujours quel est le Dieu que nous cherchons et le Dieu que nous annonçons. Et continuons à chercher !

* Ensuite, deuxième remarque, Élie est un dur à cuire, mais il finit par fondre devant la détresse d’une maman païenne adepte du culte de Baal et prend son enfant mort dans ses bras. C’est le premier miracle de retour à la vie dans toutes les Écritures !
Libérons-nous de nos préjugés idéologiques ou religieux et laissons-nous toucher par les rencontres. Et nous ferons, nous-aussi, de grandes choses !