Comme pierre

Je me souviens de cet ami dont l’épouse avait la maladie d’Alzheimer et qui disait souvent : « On fait face… » Faire face ! Parfois, vous le savez bien, il ne reste qu’à tenir bon. Il y a de cela dans notre Lecture du Livre d’Isaïe où l’on rencontre par deux fois le mot « visage », d’un terme hébreu (Panim) que l’on peut aussi traduire par : « face » (chapitre 50, verset 6 et 7 ). Ce texte annonce que celui qui fait face dans l’épreuve ou l’humiliation ne sera pas « confondu » (verset 7). Et nous croyons, en effet, que le Seigneur désire se faire « proche » de lui (verset 8) et venir à son secours. Dans le Livre de la Consolation - chapitres 40 à 55 d’Isaïe - nous découvrons le visage du Serviteur, personnification du « Reste » d’Israël. Dans le Troisième chant de ce Serviteur, Isaïe, un peu comme dans les Confessions de Jérémie, évoque ses difficultés avec des gens trop bien installés à Babylone pour écouter les appels à la conversion. Ces pages, à l’image de la Passion de Jésus, ne sont pas du tout une exaltation de la souffrance, mais elles affirment que notre confiance en Dieu est légitime au cœur-même de nos épreuves et de nos humiliations ! En ce sens, le Serviteur d’Isaïe ne se protège pas des outrages et des crachats (verset 6). Mais au bout du compte, il n’est « pas atteint ». Il rend son visage « dur comme pierre » (verset 7). Il n’a plus peur !

Dans l’Évangile, Jésus prendra « résolument » la route de Jérusalem, lieu de sa Passion et de sa Résurrection, et Luc écrira mot-à mot qu’il « durcit sa face » (chapitre 9, verset 51), nous donnant d’entrevoir qu’il accomplit la figure du Serviteur d’Isaïe.