Pas de favoritisme

Dans les Actes des Apôtres, nous voyons comment l’Évangile chemine à partir de Jérusalem pour être annoncé « jusqu’aux extrémités de la terre » ( chapitre 1, verset 8 ). Dans cette aventure, notre première lecture de ce dimanche est un véritable tournant. Vous-vous souvenez peut-être de cette histoire au chapitre 10 des Actes : A Césarée vit le Centurion Corneille, un païen qui croit au Dieu d’Israël sans pour autant aller jusqu’à la circoncision ( verset 1 et 2 ). Cet homme a une vision qui l’invite à entrer en contact avec Simon-Pierre, qui se trouve alors à Joppé ( versets 3 à 5 ). Celui-ci a de son côté une autre vision qui lui révèle que la distinction entre les animaux « purs » et « impurs » est désormais périmée ( versets 9 à 16). Quand les envoyés de Corneille viennent chercher Pierre, il se met en route avec eux et l’on assiste alors à cette rencontre improbable entre le juif et le païen ; c’est peut-être la rencontre la plus importante de tout le Livre des Actes, car c’était alors presque impensable pour un bon juif d’avoir des relations suivies avec un « Goy », c’est-à-dire un « incirconcis », un « non-juif ». La vision de l’Apôtre se trouve transposée au niveau des relations humaines ; Simon-Pierre comprend qu’il ne faut plus déclarer aucun homme « impur » ( verset 28 ). Il s’ensuit un grand discours qui est une véritable catéchèse pour les incirconcis. Et alors que l’Apôtre n’a pas encore fini de parler - on n’est pas dans les Actes à une Pentecôte près - l’Esprit Saint tombe sur tous ses auditeurs et tous ces païens sont baptisés sur-le-champ ! ( versets 44-48 ) Vous voyez, à l’époque, cela marchait plutôt bien !

Dans ce récit, je retiens une phrase qui est un bon résumé de l’ouvrage tout entier : « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes » (verset 34). Pas de favoritisme ! Dans l’Évangile selon Luc, le Christ ne juge personne selon l’apparence. C’est la grande révolution des mentalités vécue par les premiers disciples. Et nous autres, à leur suite, nous ne saurions être figés dans l’illusion d’être les seuls dépositaires de l’Esprit Saint. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de visions nouvelles, non pas pour le plaisir de tout changer, mais tout simplement pour continuer à annoncer l’Évangile.