Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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Christ, Roi de l’Univers

22 novembre 2020, par Paroisse St-Paul et Ste-Croix

Lectures :
Ezéchiel XXXIV, 11-17
I Co XV, 20-28
Mt XXV, 31-46

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit

Cher(e)s sœurs et frères en Christ

Le texte du prophète Ezéchiel nous parle du berger qui veille sur son troupeau,
comme un roi qui veille sur son peuple. Ce bon pasteur est l’image de Dieu, Roi de l’Univers qui veille sur les Hommes. Et, pour les pères de l’Eglise, il préfigure également le Christ, Dieu fait homme, qui vient au milieu de ses brebis pour les rassembler et en prendre soin. Dans sa grande bonté et sa grande miséricorde, Il protège les unes, guérit les autres et part à la recherche de l’égarée, faisant régner la justice entre elles.

Si la mort est venue dans le monde par un homme, Adam, qui s’est écarté de la
Parole de Dieu, le Christ, Dieu fait homme et « Nouvel Adam », vient restaurer l’Homme,Adam et Eve, toute l’humanité, dans sa dignité. Dieu, par Amour pour l’Homme, se fait petit enfant et naît dans une crèche. Et, pour témoigner de la grandeur de Son Amour envers les Hommes, Il va jusqu’à accepter de mourir sur la croix.

Et, « Prémices de ceux qui se sont endormis, Premier-Né d’entre les morts, Il
ouvre à toute chair la voie de la Résurrection (car il n’était pas possible que le Principe de la Vie fut dominé par la corruption) » (extrait de la liturgie de Saint Basile que les orthodoxes célèbrent particulièrement la veille de la Nativité de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ et pendant le Grand Carême de Pâques).

Pourquoi je me permets cette évocation de la fête de Pâques ? Et bien, nous
entrons dans ce temps de préparation à la fête de la Nativité du Christ et, ces fêtes : la Nativité, Pâques, ainsi que la Théophanie (le Baptême du Christ) ont toujours été, dès le début de la chrétienté, intiment liées. Beaucoup de textes lus durant les temps liturgiques de ces fêtes le montrent. En effet, elles concentrent le sens de la mission du Christ.

Par sa mort sur la Croix, le Christ descend dans l’Hadès et relève L’Homme, Adam et Eve, du tombeau (comme cela est représenté sur l’icône de la Résurrection) pour lui accorder la Vie Éternelle !

L’apôtre Paul insiste bien sur la résurrection du Christ, fondement de notre foi.
Lorsque le Christ viendra à la fin des temps, Il viendra « juger les vivants et les morts, et son Règne n’aura pas de fin ». (extrait du Credo). Le Christ se manifestera dans sa Gloire, Roi de l’Univers, dans la plénitude de Dieu. Le Christ restaure ainsi l’Homme dans son sacerdoce royal et Dieu, Roi de toutes choses, est glorifié dans sa Royauté.

Voici donc ce que nous dit le Christ dans le passage de l’évangile de Matthieu de ce jour : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, accompagné de tous les anges, alors il siégera sur son trône de gloire… ». Il évoque ensuite ce que sera le jugement dernier à la fin des temps, lors de la Parousie, en reprenant presque mot pour mot le texte du prophète Ezéchiel de ce jour. Cette lecture de l’Évangile est, bien sûr une parabole mais elle garde son actualité jusqu’à la fin des temps. Et nous sommes tous concernés constamment par ces paroles de Jugement. Le Christ vient ici nous interpeller directement, personnellement pourrait-on dire. Car le Christ nous rencontre dans notre quotidien, dans le ”banal ” de notre existence. Mais, c’est dans ce ”banal” que se trouve le fondement de notre vie chrétienne. En effet, rappelons-nous la réponse du Christ aux pharisiens qui lui posaient la question : « Quel est le plus grand commandement de la Loi ? ». Jésus leur répond : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme et de tout ton esprit », en y ajoutant le second commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et il conclut : « A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes ». (Mt XXII, 34-40). Cette parabole donc, est non seulement un enseignement sur le jugement de tous, la condamnation des pécheurs et la béatification des justes, mais aussi un rappel que, dans ce jugement, c’est l’Amour qui est essentiel.

Comme le rappelait le père Boris Bobrinskoy (un prêtre orthodoxe à Paris
récemment décédé) dans une homélie sur cet évangile : « Dans l’histoire de la Chrétienté, cette parabole a pu peser très lourdement sur la conscience des chrétiens, mais aussi sur la conscience populaire, voire l’inconscient collectif. Et il en a souvent émané l’image menaçante d’un Dieu qui juge avec rigueur et qui sanctionne avec sévérité. » Le père Boris nous invite à écarter cette image regrettable de Dieu et à pénétrer plus en profondeur dans cette parabole, et à porter notre attention sur ce mystère de l’identité du Christ avec les pauvres, les malheureux, les laissés-pour-compte : « Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! ». (Mt XXV, 40)

Le message semble clair : au jour du Jugement il nous sera demandé compte
d’une chose et d’une seule : de notre amour les uns pour les autres. Il semble n’y avoir aucune ambiguïté dans les paroles du Christ, comme il n’y a pas d’ambiguïté dans celles de l’Apôtre Paul (I Co XIII, 2-3) : « …S’il me manque l’amour, je ne suis rien. Distribuerais-je tous mes biens aux affamés, livrerais-je mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, cela ne me sert de rien ».

Devant de telles paroles notre espérance défaille et, comme les disciples, nous
sommes prêts à dire : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » (Mc X, 26 ; Lc XVIII, 26). C’est bien sous l’angle de l’amour que nous trouvons la réponse.

Si nous laissons l’Esprit-Saint illuminer notre cœur, et si c’est à la lumière de
l’Esprit que nous tournons notre regard vers ces pauvres, ces laissés-pour-compte, alors notre œil deviendra capable de discerner le visage meurtri du Christ.

C’est en effet la présence en nous de l’Esprit-Saint qui nous ouvre à l’amour du
prochain, qui ouvre nos yeux à ses souffrances, ses besoins et nous pousse à agir pour lui. « J’ai eu faim et vous m’avez donner à manger ; soif et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ; nu et vous m’avez vêtu ; malade et vous m’avez visité ; prisonnier et vous êtes venus me voir ».

Ne trouvez-vous pas que ces paroles résonnent particulièrement fortement
aujourd’hui, dans notre monde égoïste ou chacun à tendance à se replier sur soi-même, recherchant principalement son confort ? Dans ce temps de crises (crise sanitaire, crise humanitaire, crise écologique, conflits de part le monde…) que nous vivons actuellement, l’être humain est capable du meilleur comme du pire. Nous voyons des élans de solidarité mais aussi des déchaînements de haine. Et nous, chrétiens, quel visage montrons-nous ? Quel témoignage portons-nous ?

Le Christ nous a indiqué le chemin à suivre. Il nous a rappelé la grandeur de
l’Amour de Dieu envers toute l’humanité. Ce Dieu de Gloire s’est abaissé jusqu’à nous en se faisant petit enfant. Il a pris notre condition humaine et a préféré verser son sang sur la Croix plutôt que faire couler le sang des hommes, tout en demandant à son Père de pardonner à ceux qui le crucifiaient ! Pour être en mesure de le suivre, de jour en jour, il nous faut veiller à offrir notre cœur et nos yeux à l’action de l’Esprit-Saint.

L’Évangile d’aujourd’hui nous apprend que notre souffrance après la mort, si nous devions être bannis du Royaume de Dieu, sera d’être éloigné de Dieu. Alors, que chacun d’entre nous médite les paroles du Christ de cet évangile, pour trouver la réponse à cette question : que me faut-il encore faire pour que l’Amour de Dieu agisse en moi envers mon prochain, et pour participer au Royaume du Christ, Roi de l’Univers ?

Amen