Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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Dieu puissant ?

19 juillet 2020, par Jean-Louis Cathala

Sg 12 16. A 19.07.20 St Paul MPL

Introduction  : Voici des extraits du Livre de la Sagesse, le plus récent des écrits bibliques antérieurs à la naissance de Jésus. Cet ouvrage rédigé directement en grec fait partie de la traduction des Septante. Son auteur est un juif d’Alexandrie, en Égypte, une ville immense avec une communauté juive imprégnée de culture hellénistique. C’est à ces gens qu’il s’adresse, mais aussi à des grecs qu’il veut convaincre de la supériorité de la foi d’Israël. Dans la Bible, la Sagesse est le propre de Dieu, un Dieu qui fait participer l’être humain à sa propre sagesse. Pour les juifs, la sagesse est source de toute connaissance (Sagesse, chapitre 7, versets 16 à 21) ; elle est la révélation qui dévoile les intentions divines (chapitre 9, verset 17) et finalement, elle est la présence-même du Seigneur au milieu de son Peuple. Les versets de notre lecture sont tirés de la troisième partie du Livre qui est une méditation sur l’Exode ; La mémoire de l’intervention du Seigneur dans l’histoire induit un discours sur un Dieu qui gouverne le monde :

Homélie : Je voudrais laisser résonner une affirmation de ce texte : Dieu « n’a qu’a vouloir pour exercer sa puissance  » (verset 18) : parole qui donne à réfléchir ! Voici quelques jours, un homme dont l’épouse se mourait après 20 ans de maladie d’Alzheimer me disait sa révolte : « Pourquoi Dieu laisse-t-il faire cela ? » Et il ajoutait : « C’est une grande épreuve pour ma foi ». Dieu est-il vraiment « tout-puissant », comme le disent les prières de la Messe ? Lui suffit-il de vouloir pour pouvoir  ? Questions vertigineuses ; dans la tradition juive et dans la philosophie du XX° siècle, on concède que par l’acte de la Création, Dieu, en quelque sorte, se retire d’un monde livré à l’aventure de sa propre autonomie ; en ce sens, le Créateur ne serait pas aussi tout-puissant que beaucoup l’affirment. Devant ces questions abyssales, nous sommes en tout cas bien inspirés d’éviter tout propos péremptoire. Et devant le désarroi de ceux qui souffrent et qui doutent, le mieux est de nous taire et de leur prendre la main. Pour autant, si nous avons la chance de croire ou de croire encore au Ressuscité, nous ne sommes pas purement et simplement livrés aux ténèbres de l’absurde ; et il est bon de relire St Paul qui fait le lien paradoxal, mais fondamental, entre la puissance et la sagesse de Dieu et la proclamation d’un Christ crucifié (1 Corinthiens, chapitre 1). C’est la fragile espérance de l’Église depuis le commencement : l’amour tout-puissant de notre Dieu s’est perdu dans la folie d’une alliance avec la plus grande déréliction et la plus grande malédiction ; mais c’est pour tout assumer, tout sauver, tout relever de la mort. Oui, quoi qu’il arrive en nos vies, nous avons le droit de faire confiance malgré tout.