Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Sa chair à manger ?

14 juin 2020, par Jean-Louis Cathala

Jn 6, 51-58 St Sacr. 14.06.20 St Tho MPL

Dans cet enseignement sur l’eucharistie au chapitre 6 de Jean situé dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus nous est présenté comme « le pain vivant descendu du ciel  » qui rappelle et accomplit le don de la Manne offerte aux Enfants d’Israël dans le désert ( Exode, chapitre 16 ) Il semble que certaines spéculations juives de l’époque attendaient une nouvelle manne pour les temps messianiques. Donc, le Fils descendu du ciel est identifié à une nouvelle manne, une nouvelle parole de Dieu qui nourrit notre vie sur tous nos chemins ? Jusque là, on peut suivre à peu près ! Mais Jésus en rajoute une couche quand il nous dit que ce pain, c’est sa « chair pour la vie du monde » ( Jean, chapitre 6, verset 51 ). Alors là, cela devient vraiment curieux, pour nous, aujourd’hui, et déjà pour certains à l’époque. D’ailleurs, les gens de Capharnaüm se demandent : « comment peut-il, celui-là, nous donner sa chair à manger ? » (verset 52) C’est quoi, cette histoire ? La question sur sa chair à manger peut donc être lue au premier degré comme une affaire de viande. Et puis, du reste, l’Évangile selon Jean insiste longuement - il y avait déjà des doutes sur cela à l’époque - sur la dimension très concrète de l’eucharistie : littéralement, Jean écrit : « Qui mâche ma chair… » Dans le Repas du Seigneur, ce n’est pas comme si ! Nous consommons véritablement le Ressuscité ! Cependant - précision indispensable - la chair selon les Écritures, dans son sens le plus profond, ce n’est pas la viande ; ce n’est pas la partie matérielle de la personne. Dans la culture hébraïque, « chair et sang  » signifie l’être humain tout entier - « corps et âme », dirait-on - mais dans sa condition de créature mortelle. Avec Jean, la clef pour comprendre, c’est le Prologue  :« Et le Verbe s’est fait chair  » (chapitre 1, verset 14 ) : il a partagé notre condition humaine marquée par la fragilité et la finitude. Ainsi donc, lorsque Jésus nous invite à « manger sa chair » et à « boire son sang », il nous demande aujourd’hui d’accueillir en vérité ce que nous appelons l’Incarnation et de nous en nourrir, d’en prendre soin et de la prendre au sérieux en servant la dignité de toute chair, de toute personne humaine dans sa faiblesse, dans sa précarité psychologique, économique et sociale. Et nous y sommes plus que jamais dans ces mois de profonde récession que nous allons vivre. Voilà la véritable chair du Christ ! Voilà la véritable adoration du Saint Sacrement.