Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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Ne se trouble pas

10 mai 2020, par Jean-Louis Cathala

Jn 14, 1-12 5° Pâ. 10.05.20 St Paul Ste Croix Mpl

« Que votre cœur ne se trouble pas  » ( Jean, chapitre 14, verset 1). C’est le dernier repas d’un homme confiné avec ses derniers amis. Il sait qu’il va mourir. Il parle par expérience ; le trouble, il connaît : devant la mort de Lazare (chapitre 11, verset 33), devant la Passion qu’il sent venir (chapitre 12, verset 27), devant la trahison de l’un des siens (chapitre 13, verset 21). Notre anxiété, Dieu ne la regarde pas du haut du ciel ; en Jésus, Il l’éprouve Lui-même. Le Christ va mourir seul, abandonné de tous ou presque ; et malgré les récits édifiants de mise au tombeau, il a peut-être été comme tous les suppliciés enterré à la sauvette par ses bourreaux (lire Actes, chapitre 13, verset 29). Aujourd’hui, partout dans le monde, des frères et des soeurs meurent seuls, sans adieu, sans obsèques dignes de ce nom. Jésus est avec eux. Il est passé par là.

En ce dernier soir, il ne pense qu’à ses compagnes et ses compagnons ; ils vont se retrouver livrés à eux-mêmes. Il est pour eux comme un père ; il est le visage du Père (Jean, chapitre 14, verset 9) . Alors il va leur faire comprendre qu’il faut qu’il parte. Il faut que les Écritures s’accomplissent. Il est nécessaire qu’il disparaisse à leurs yeux pour qu’ils adviennent enfin à eux-mêmes ; pour qu’ils agissent comme lui, dans son esprit et dans la force de l’Esprit Saint, mais par eux-mêmes. La distinction, la distanciation et le deuil de la confusion permettent la croissance et la liberté ; tous, nous l’avons peu ou prou expérimenté : pour grandir, il est bon de couper le cordon ; et pour se retrouver un jour transfigurés, il faut un beau jour partir ou laisser partir ! Ceci rejoint notre vie et vient de quelque manière éclairer notre situation présente : alors que nous allons connaître le petit début d’un déconfinement partiel et prudent, comment continuer à tenir à la maison et à grandir dans la foi et dans la liberté ? Ce qui peut nous aider – me semble-t-il - c’est peut-être d’aller en profondeur et de distinguer ce que des siècles de tradition ont uni dans la confusion :

Le rassemblement dominical de notre communauté, c’est une grande joie ! Mais ce qui compte, c’est la communion entre tous les êtres et tous les peuples.

La visibilité de la foi dans la société, pourquoi pas ? Mais l’essentiel est invisible et intérieur.

Les sacrements qui chantent la vie dans le Christ, c’est merveilleux ! Mais le Seigneur est en nous au plus profond à chaque instant de notre quotidien.

La messe est un sommet et une source ! Mais ce qui importe, c’est la vie eucharistique : le concret de notre louange, de notre partage et du don de notre vie.

Et l’Église n’est pas à confondre avec le Royaume ; et la religion n’est pas à confondre avec la foi.

Au fond, le seul Absolu, c’est l’Esprit Saint. Il ne nous sera jamais enlevé ; par aucun confinement, par aucun trouble, par aucune mort.