Passer du sacré à la sainteté ? Toussaint 2019

Il faut bien distinguer ce qui est « saint » de ce qui est « sacré », même si en hébreu, la même racine recouvre les deux notions. En fait, la Bible raconte la lente et difficile émergence du saint et le dépassement du sacré. Le sacré est lié au pouvoir divin ; c’est ce qui dans une société est inconditionnel, voire presque « tabou ». Le sacré suscite à la fois la fascination et la peur. Il sépare entre « profane » et « sacré ». Il ne fait pas alliance avec nous. Dans l’idée de sainteté, il y a aussi séparation, mais c’est une distinction pour unir. Yhwh est saint car Il est le Créateur, l’Unique. Sa sainteté est la perfection d’amour de son être. La différence avec le sacré, c’est que la sainteté se partage à tous ! Le Dieu Saint est transcendant, mais Il se laisse approcher. Il propose son Alliance à son peuple mis à part pour témoigner de son amour. Avec l’Incarnation du Verbe et la disparition du Temple de Jérusalem, le sacré est désormais mis complètement hors sujet. Avec le Christ Réssuscité, qui assume tout dans l’amour de Dieu, le sacré, pour nous du moins, c’est fini ! Bien sûr, les régressions ne manquent pas dans notre Église et de plus, il reste des traces de sacré dans le langage ; mais quand je dis que le plombier se « consacre » à sa clientèle ou que le travail d’une mère de famille est un « sacerdoce », je n’en fais pas pour autant des vaches sacrées ! Nous voici donc appelés non à courir après le sacré, mais à mener une vie sainte au quotidien, une existence selon l’Évangile, une vie dans une liberté de l’amour qui délivre de toute peur. C’est l’un des points majeurs du Concile Vatican II : L’appel universel à la sainteté.

Dieu seul est saint, mais il nous communique sa sainteté, son amour et sa propre vie.