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Diocèse de Montpellier

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Qo (1, 2 ; 2, 21-23)

5 août 2019, par Jean-Louis Cathala

Qohélet, appelé aussi l’Ecclésiaste, est une merveille au beau milieu des Écritures ; un ouvrage très original qui relève de la littérature de Sagesse (Qohélet ou Ecclésiaste signifie « l’homme de l’assemblée » : Qahal en hébreu, Ecclésia en grec). Qohélet écrit probablement au IIIième siècle avant le Christ. Le livre est en hébreu, mais on sent l’influence de la culture venue d’Alexandrie. Dans ce contexte, les Sages juifs s’interrogent face à la joie de vivre proposée par la pensée grecque. « Tout est vanité ! » (chapitre 1, verset 1) Voilà la réponse de l’Ecclésiaste devant tout ce que nous vivons « sous le soleil » : Le bonheur, la sagesse, le travail, l’argent, la jeunesse. Ce que nos Bibles traduisent par « vanité », c’est le souffle, l’haleine, la fumée ; bref, ce qui est éphémère, fragile.

Que nous enseigne cet ouvrage et en quoi est-il actuel ? Qohélet, malgré son apparente amertume, nous invite à goûter la bonté fondamentale des choses de la vie. La tentation et la séduction de la culture grecque étaient un peu celles de notre société d’aujourd’hui : Demeurer jeune, riche et beau le plus longtemps possible et vivre en sécurité… Pour notre auteur, tout cela n’est que « poursuite de vent » (verset 14) ; et pourtant, il nous parle du vrai bonheur : Se réjouir des joies simples du quotidien. La vie est bonne ! (chapitre 3, verset 13 ; chapitre 8, verset 15) « Goûte la vie avec la femme que tu aimes », écrit-il (chapitre 9, verset 9). On trouve dans ce livre difficile un petit goût épicurien, au vrai sens du terme. L’Ecclésiaste ne prône pas du tout une existence dépravée, mais il est à l’opposé d’une certaine éducation qui voit le péché partout.

Qohélet est actuel car il traverse le silence de Dieu et les incohérences apparentes de nos vies. Pour lui, rien n’est automatique : Celui « qui s’est donné de la peine » n’est pas forcément récompensé et le « méchant » n’est pas nécessairement puni ! (chapitre 2, verset 21) L’Ecclésiaste nous invite à « vivre avec », à vivre avec ce que nous ne comprenons pas ; il nous propose d’accueillir la réalité telle qu’elle est, en nous gardant de la prétention de tout savoir ou de connaître l’avenir (chapitre 7, verset 14). Il entrevoit que les difficultés de nos existences nous font mûrir et peuvent devenir, au bout du compte, un chemin de bonheur (verset 4). Il nous aide à résister aux idées reçues et à ne pas répéter les routines de nos traditions. Oui, Qohélet est un homme libre, libre devant Dieu  ! Un poète capable d’autocritique et d’autodérision ; un homme libre qui donne envie d’être libre  !