Apprends-nous à prier (Lc 11, 1-13)

« Apprends-nous à prier » (Luc, chapitre 11, verset 1). Je m’arrête simplement sur le premier verset où retentit la supplication des disciples ; elle provient du témoignage donné par le Seigneur lui-même « un jour quelque part en prière ». Et de fait, les baptisés ne sont pas d’abord des gens qui prient le Christ, mais qui implorent l’Esprit Saint (verset 13) pour apprendre à prier comme Jésus ; par lui, avec lui et en lui  ! Et il n’est pas étonnant que la supplique apparaisse uniquement dans Saint Luc  ; le Troisième Evangile, en effet, nous montre souvent le Christ priant « retiré dans les déserts » (Chapitre 5, verset 16), « dans la montagne, toute la nuit » (Chapitre 6, verset 12) ou encore « à l’écart » (Chapitre 9, verset 18). Luc est aussi le seul à souligner que Jésus prie aux moments du Baptême et de la Transfiguration (Chapitre 3, verset 21 et chapitre 9, verset 29). Oui, l’Evangile selon Luc nous invite à laisser jaillir en nous les grandes questions des disciples chaque fois que nous avons la prétention de prier : « Augmente en nous la foi… et … Apprends-nous à prier » (Chapitre 17, verset 5 et chapitre 11, verset 1).

Mais au fond, avons-nous conscience d’avoir encore et toujours besoin d’apprendre ? Les formules ne sont que des formules  ; chaque matin, nous sommes débutants. Prenons-nous le temps de faire vraiment silence et d’être attentifs ? Nous produisons beaucoup de paroles. Mais acceptons-nous, tout simplement, d’être là, recueillis devant notre Dieu, et de nous mettre à l’écoute ? Notre page d’évangile insiste à raison sur l’efficacité de la prière ; et pourtant - ce n’est pas incompatible - nous avons besoin de redécouvrir la gratuité. La prière, c’est un peu comme la tendresse entre deux êtres qui s’aiment ; cela ne produit rien, mais cela nourrit de l’intérieur une relation qui nous fait vivre et nous convertit peu à peu. Dans nos communautés, et même en chacun de nous, nous rencontrons plusieurs tentations : La première est celle de fuir le monde dans la prière ; fuir notre nécessaire engagement concret au service des autres. La seconde tentation est celle de réduire la prière à une matière à option ; un simple carburant pour l’action ; nous pouvons ainsi nous fuir nous-mêmes et fuir le visage de Dieu dans l’activisme. Que le Seigneur mette de l’unité et de la gratuité dans nos cœurs et dans nos vies !