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Diocèse de Montpellier

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YHVH (Ex 3, 1-15)

26 mars 2019, par Jean-Louis Cathala

Vous connaissez sans doute ce poème de Grégoire de Nazianze : O toi, l’au-delà de tout, n’est-ce pas tout ce qu’on peut chanter de toi ? Toi seul qu’on ne peut nommer. Notre Lecture de l’Exode de ce dimanche est un récit fondateur : Dieu s’y révèle à Moïse comme un Dieu d’amour qui est toujours du côté des humiliés. Cela étant, les Écritures, vous le savez, parlent de « Dieu » de bien des façons. Là, je vais dire des choses difficiles ; accrochez vos ceintures ! Dans la Bible hébraïque, qui au départ n’était pas vocalisée, nous rencontrons souvent un mot à quatre consonnes transcrites en français par Y.H.V.H. Ce tétragramme (4 lettres) est en quelque sorte le « petit nom » d’Elohim, le Dieu d’Israël. On ne sait pas comment les gens prononçaient ce petit nom à l’origine, mais d’après certaines recherches, on suppose qu’ils disaient « YaHVoH » ou « YaHVeH », d’où certaines traductions de nos Bibles modernes. Quoi qu’il en soit, en signe de respect pour Dieu, les Enfants d’Israël ont cessé de prononcer ce nom propre depuis le retour de l’Exil à Babylone. Dans leur culture, en effet, prononcer le nom de quelqu’un, c’est mettre la main sur lui. On ne met pas la main sur Elohim ! De fait, quand nos frères juifs voient ces 4 consonnes hébraïques, ils disent, en général : « Adonaï », ce que la Bible grecque a traduit par « Kurios », en français : « Le Seigneur ». Pour les chrétiens, qui disent aussi Seigneur, le nom le plus accompli de Dieu, c’est « Abba », le « Père » de Jésus. Vous voyez : la révélation de Dieu manifeste la relation que nous avons avec lui, mais nous ne pouvons pas lui donner une étiquette ! Même depuis l’Incarnation, nous ne saurions posséder Dieu ou le nommer comme on nomme les créatures ; cependant, nous pouvons nous abandonner en lui, notre Seigneur et notre Père, dans une relation d’amour véritable. Pour la petite histoire, plusieurs siècles après J-C, des savants ont vocalisé la Bible hébraïque : il ont ainsi mis sous les consonnes Y.H.V.H. les voyelles de AdOnAï : A.O.A. Ceci a donné : « YaHoVaH » ou « Jéhovah » : mais, vous le comprenez, c’est une appellation artificielle qui n’a jamais existé dans la bouche du peuple des Écritures !

A la fin de notre lecture de l’Exode, le récit fait le lien entre le petit nom Y.H.V.H. et une parole de révélation : « Je suis (ou je serai) qui je suis (ou qui je serai) » (chapitre 3, verset 14). Ce verset confirme que le nom propre de Dieu ne saurait le contenir. Le Dieu de Jacob et de Jésus est toujours plus grand, toujours plus loin sur la route de l’Exode, toujours plus déconcertant dans le désert. Au fond, une seule chose est vraiment claire, mais cela nous suffit pour avancer dans la foi  : Aujourd’hui comme hier, Adonaï voit notre misère ; il entend nos cris et il veut nous libérer (verset 7).

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