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Sarepta (1 Rs 17,10-16)

12 novembre 2018, par Jean-Louis Cathala

Quelques mots sur le contexte de notre Lecture du Premier Livre des Rois : nous sommes au IXième siècle et Achab, Roi d’Israël, construit à Samarie un temple pour Baal, une divinité cananéenne (chapitre 16, verset 32). La punition ne se fait pas attendre par la voix d’Élie : « Il n’y aura ces années ni rosée ni pluie sauf à mon commandement » (chapitre 17, verset 1). Notre prophète bénéficie de la bienveillance de YHVH au torrent de Kerit, « à l’est du Jourdain » (verset 3). Il revit l’histoire des Enfants d’Israël dans le Livre de l’Exode : il boit et mange du pain et de la viande. Mais tout a une fin : Le torrent sèche (verset 7) et notre homme repasse le Jourdain comme ses pères, mais cette fois non pour aller au cœur, mais aux confins de la terre promise, dans la région de Sidon. Et le Seigneur dit à Elie : « Lève- toi ! » - koum (verset 9). Ce n’est pas simplement un encouragement, mais un verbe de résurrection que l’on retrouvera dans la bouche du Christ (Marc chapitre 5, verset 41). A travers l’histoire d’Élie, il en va de la résurrection de tout un peuple infidèle à lAlliance !

Et nous assistons à la rencontre entre le Prophète et l’étrangère comme dans les évangiles. La femme est païenne, mais aussi veuve ; elle mène une existence précaire. Du fond de cette fragilité, la vie malgré tout encore possible va jaillir ! On n’est pas encore dans la surabondance de la multiplication des pains, mais c’est le même Dieu d’Amour qui change le « trop peu » en « suffisant » pour continuer la route.

Que pouvons-nous puiser aujourd’hui de cette jarre de farine, de cette cruche d’huile, de ce récit ? Du côté du Prophète, nous comprenons combien nous recevons de ceux qui vivent dans la précarité, à condition de guérir de notre condescendance. Les gens de Sarepta ne manquent jamais autour de nous ! Du côté de la veuve, nous comprenons que contrairement au dicton, « charité bien ordonnée » ne commence pas par soi-même ! Au risque de mourir de faim, elle et son fils, elle fait confiance : elle fait d’abord cuire une petite galette pour le prophète. Et à la fin, « ils mangèrent, elle, lui et sa maison, pendant longtemps » (verset 15) : Le risque de l’autre se transforme en nourriture inépuisable. Nous sommes tous des étrangers quelque part sur la terre ! A Sarepta, l’étranger, au fond, c’est le prophète : non pas une menace qui prend le pain de la bouche, mais une rencontre qui engendre la vie !

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