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Une seule chair Sarah et José (Mt 19, 1-9)

19 septembre 2018, par Jean-Louis Cathala

Comment accueillir en ce jour de joie cette rencontre polémique entre Jésus et les Pharisiens ? Une dispute verbale entre spécialistes de la Torah : une question se pose pour interpréter une tradition dans laquelle tous les textes ne coïncident pas toujours. Le sens des Écritures ne saurait être figé dans une interprétation officielle, unique et absolue. Le cas d’école, ici, c’est : dans quels cas peut on répudier sa femme ? Selon le Christ, il est bon de remonter aux commencements du Livre de la Genèse : « L’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (chapitre 2, 24). En conséquence, l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu Lui-même a uni. Au nom de la fraîcheur et de la radicalité du Commencement, Jésus contourne les facilités de répudier accordées par la suite dans le Livre du Deutéronome (chap. 24). Sa lecture fonde la tradition catholique qui insiste sur l’indissolubilité du mariage.

Devenir une seule chair ! C’est à dire, un seul être ! Dans la Bible, la chair au sens le plus noble, ce n’est pas une matière ni un morceau de viande, mais l’humain tout entier dans sa dimension de fragilité et de finitude. Bien sûr, devenir une seule chair, ce n’est pas se mélanger ou se manger l’un l’autre. Quand un homme « bouffe » sa femme ou inversement, ce n’est pas la beauté du dessein originel de l’amour de Dieu ; ce serait plutôt le dérapage de l’histoire de la pomme, raconté un peu plus loin dans la Genèse ! Vivre en étant une seule chair ne signifie pas nier l’altérité, mais grandir dans une communion au sein de laquelle chacune et chacun des deux advient pleinement à soi-même grâce au respect et à l’amour offerts par l’autre. La rencontre de deux corps qui s’aiment est une chose sainte. Elle engage en profondeur et marque durablement. Elle oriente vers l’avenir et donne des enfants qui sont l’avenir.

Si Jésus semble strict face à des interlocuteurs plus libéraux et plus modernes en apparence, ce n’est pas pour nous rendre la vie impossible. Quand c’est trop dur et qu’il y a par exemple de la violence dans un couple, il ne faut pas rester ensemble et l’on ne peut pas, non plus, après un divorce, condamner quelqu’un à la solitude. En fait, la raison de la mise au point du Christ devant les accommodements de la tradition, c’est la protection de la femme. Jadis en Israël, l’homme pouvait renvoyer son épouse, mais pas l’inverse. Et une répudiée se retrouvait souvent dans une situation sociale précaire qui l’obligeait à mendier et parfois même à se prostituer. L’esprit de l’Évangile, c’est de protéger les plus faibles tout en nous proposant le bonheur dans la fidélité et la stabilité. Poursuivez-donc votre beau chemin, chers Sarah et José, et continuez à vivre tout simplement heureux avec vos enfants ! Amen.