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Diocèse de Montpellier

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Impur (Mc 7, 14-23)

2 septembre 2018, par Jean-Louis Cathala

Mon petit commentaire de l’Évangile sera technique ; peut-être trop ? La lecture que je vous propose vient de quelqu’un de beaucoup plus savant que moi (Daniel Boyarin - « Le Christ juif » cerf 2013 pp. 123–152) et prend à contre-pied nos préjugés qui insistent sur la distance entre les pratiques du peuple de Jésus et la nouveauté de son enseignement. En ces versets de Marc, il s’agit de la question mystérieuse du « pur » et de « l’impur ». Depuis toujours, l’impur, c’est ce qui est « tabou » ; ce qui doit être évité à tout prix ! Selon la Torah, l’impur est plus précisément ce qui empêche d’entrer en communion avec le Dieu trois fois saint. D’où les « lois de pureté » (Lévitique, chapitres 11 à 16), envers du décor de la Loi de sainteté (17 à 26) : par exemple, le contact avec un animal impur ou un cadavre rend impur. L’autre jour, je suis allé sur la tombe de Brassens à Sète avec des amis juifs ; en sortant du cimetière, ils se sont lavés les mains. Dans la dynamique heureuse du respect des commandements, ces dispositions permettent aux Enfants d’Israël de vivre une fidélité concrète à l’Alliance. Ces lois ne sont pas une question morale ; cependant, elles ont entraîné un formalisme critiqué par les Prophètes.

Jésus de Nazareth est un juif pratiquant qui mange casher ! Il n’a pas l’intention de fonder une nouvelle religion ! Il est proche des Pharisiens. Pourtant, il considère que certains d’entre eux, des Judéens venus de Jérusalem, exagèrent en ayant introduit des nouveautés ; comme celle de dire que quelque chose d’extérieur à l’homme peut le rendre impur ; par exemple, le fait, au retour du marché, de prendre ses repas sans ablutions rituelles (Marc, chapitre 7,verset 2). Le Christ rappelle que ce qui souille l’homme, c’est ce qui sort de son corps (verset 15), un écoulement de sang, par exemple. Lui, le Galiléen, dénonce ces pratiques nouvelles au nom d’une foi plus traditionnelle ! Et attention à ne pas faire un contresens : on ne saurait interpréter ce récit comme une prise de distance de Jésus avec la cacheroute, les lois alimentaires ! D’ailleurs, même s’il y a parfois des confusions de langage, le registre du casher, le permis et le défendu, n’est pas celui du pur, le souillé et le non-souillé.

Cependant, sans renier la compréhension traditionnelle de ce qui sort de l’humain, le Christ, à la manière des Prophètes, lui donne une dimension morale (verset 20). Au fond, l’impur par excellence et pour tous, juifs et non-juifs, pour nous aujourd’hui, ce sont les desseins pervers qui sortent du dedans du cœur. Plus largement, on peut dire que tout en ayant été un juif très fervent, Jésus est venu libérer toutes les traditions spirituelles, y compris la nôtre, de la puissance des rites extérieurs. Désormais, tout est pur, sauf le péché et nos manques d’amour ! Allons plus loin : désormais, il n’y a plus de purification requise, car la grande purification nous est déjà acquise et offerte gratuitement par le don d’amour du Christ sur la Croix.