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Diocèse de Montpellier

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La chair et l’Esprit (Ga 5, 16-25)

20 mai 2018, par Jean-Louis Cathala

Pentecôte 2018

Comment parler du Saint-Esprit ? On pourrait dire que l’Esprit Saint est plutôt du côté de celui qui fait parler que du côté de celui dont on parle ; du côté de celui qui prie en nous plutôt que du côté de celui que l’on prie. Nous invoquons l’Esprit – il faudrait le faire sans cesse - mais c’est le Père que nous prions par le Fils et dans l’Esprit Saint. Le Souffle, ce don de Dieu que l’on adore comme Dieu, on ne sait pas trop d’où il vient ni où il va. Reste qu’on peut le reconnaître à ses fruits : paix, bonté, confiance dans les autres. La Lettre de St Paul aux Galates, notre deuxième lecture, est l’antichambre du monument qu’est l’Épître aux Romains. Le texte des Galates oppose le Christ justice de Dieu à la justice que nous aurions la prétention de mériter par nos efforts. Selon Paul, la Loi de Moïse a de la valeur car elle fait connaître la volonté de Dieu. Cependant, c’est uniquement la grâce, promise à Abraham avant le don de la Loi et donnée en plénitude par la mort et la Résurrection de Jésus, qui permet la re-création d’une humanité nouvelle ! Uni au Christ par la foi et animé par le Saint Esprit, l’être humain peut désormais vivre selon la volonté de Dieu. Et il accomplit, en effet, de bonnes œuvres, mais c’est le fruit de l’Esprit (Galates, chapitre 5, verset 22).

Dans notre lecture, vous avez sans doute relevé l’opposition entre la « chair » (le mot apparaît 5 fois ) et l’« esprit » ; (5 fois pour évoquer l’Esprit de Dieu et 2 fois pour évoquer l’esprit humain). On associe souvent la « chair » à la sexualité ; au « péché de chair » ! Mais la Bible n’utilise presque jamais ce mot en lien avec la sensualité. Selon l’Épître aux Galates, même si le premier fruit de la chair est un mot que l’on peut traduire par « fornication » ou « pornographie », les mauvais comportements qui apparaissent dans la suite du verset ne sont pas d’ordre sexuel : Paul mentionne la « haine » ou encore la « jalousie » (verset 20). En fait, pour le Premier Testament, Basar (chair en hébreu), c’est la personne tout entière sous l’angle de son appartenance à la terre, sous l’angle de sa vulnérabilité. Pour le Nouveau Testament, le terme Sarx (chair en grec) ne désigne pas une partie du corps, mais l’humain dans tout son vécu. La chair n’est pas ce que l’on a, mais ce que l’on est ! Paul écrit en grec, mais il pense en juif : il ne se réfère pas à la pensée grecque qui identifie la chair à une matière distincte de l’âme immortelle ! L’esprit humain, en contrepoint de la chair, c’est la personne dans sa totalité en tant qu’elle accueille le don de Dieu (chapitre 6, verset 18). C’est l’humain tout entier dans le « souffle » qui le met en marche ! Et l’apôtre de nous inviter à « marcher par l’Esprit » (chapitre 5, verset 16). Tout au long de ma vie, je suis appelé à passer d’une existence menée par la chair - une vie où je suis livré à moi-même - à une existence conduite par le Saint-Esprit. Et au fond, il s’agit d’être tourné vers les autres. Écoutons les Galates dans un verset que nous n’avons pas lu : « Vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair : mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres » (verset 13). Voilà le fruit de l’Esprit !

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