Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Lui en nous et nous en Lui. (1 Jn 4, 12-16)

13 mai 2018, par Jean-Louis Cathala

Nous voici rassemblés autour de nos jeunes qui vivent une étape de leur chemin spirituel, un moment fort de leur initiation à la vie dans le Christ. L’occasion, peut-être, de toutes et tous nous demander, les jeunes tout comme les moins jeunes, les très cathos tout comme les pas-du-tout-cathos : où en sommes-nous de notre désir le plus grand, désir plus ou moins assumé, plus ou moins oublié ou refoulé ? Qu’ai-je fait de ce désir infini qui demeure au plus profond de mon cœur ? Pour beaucoup de nos contemporains, nos frères et nos sœurs de ce temps, Dieu n’existe pas et si jamais il existe quelque part de quelque manière, il est impossible de le connaître. Pour beaucoup d’autres en revanche, et pour les femmes et les hommes de la Bible qui vivent dans l’évidence de la Transcendance, le désir le plus profond, c’est de voir Dieu. Mais le Dieu d’Israël étant ce qu’il est, on ne peut le voir sans mourir (Exode, chapitre 33, verset 20) ; à l’exception de quelques privilégiés comme notre père Jacob dans le Livre de la Genèse (chapitre 32, verset 31) ou comme le grand Moïse, lui « que YHVH connaissait face à face » (Deutéronome, chapitre 34, verset 10).

Pourtant, dans notre deuxième lecture de ce dimanche, l’évangéliste Jean affirme que « Dieu, personne ne l’a jamais contemplé » (Première Lettre de Jean, chapitre 4, verset 12) ; à proprement parler, ce n’est pas vrai, mais ce verset est une pointe polémique contre ceux qui seraient tentés de « planer », jadis comme aujourd’hui, dans des spiritualités hors-sol. Cette affirmation est aussi une façon de mettre en valeur ce qui suit, comme St Jean le fait par ailleurs à la fin du Prologue de son Évangile : « Nul n’a jamais vu Dieu ; (mais) le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (chapitre 1, verset 18). Comment connaître ce Dieu que tous, au fond, cherchent plus ou moins consciemment, y compris dans sa négation la plus forte ? Pour Jean l’évangéliste, bien loin de tout ésotérisme fumeux et de toute « connaissance » secrète réservée à quelques initiés, la question est éclairée par la Révélation de Dieu dans l’Histoire qui culmine dans l’Incarnation du Verbe. C’est le sens des premiers mots de sa première épître : « Ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; - car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage » (1 Jean, chapitre 1, verset 1 et 2). En fidélité à cette Révélation dans l’Histoire, la connaissance de Dieu est offerte à tous par l’amour et la foi, les deux piliers de la théologie de St Jean. Premier pilier : Dieu, personne ne le voit, mais si nous demeurons dans l’amour (c’est-à-dire, en fait, si nous nous aimons concrètement les uns les autres) (chapitre 4, verset 12), Dieu demeure en nous et nous en lui (verset 16). Deuxième pilier : Dieu, personne ne le voit, mais si nous confessons que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en nous et nous en Lui (verset 15). Nous ne voyons pas encore notre Dieu face à face, mais ce n’est qu’une question de temps ! En attendant – si l’on peut dire – nous pouvons ici-bas déjà vivre pleinement en communion avec lui. Cette communion n’est pas une confusion ou un mélange, mais une habitation réciproque : Lui en nous et nous en lui. Et cela se reçoit gratuitement et s’approfondit au quotidien par l’amour et la foi ! L’amour a besoin de la foi et la foi a besoin de l’amour. Ma profession de foi n’est donc pas une simple déclaration de pieuse intention à mettre dans un tiroir. Non ! C’est la venue de Dieu au plus profond de mon cœur et ma venue au plus profond de son cœur. Et lorsque nous communions à l’eucharistie, le repas de l’amour, Dieu demeure en nous et nous en lui. Quand je prends le Christ dans mes mains, c’est lui qui me prend par la main ; pour toujours.