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Diocèse de Montpellier

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Une très grande joie Mt 2, 1-12

7 janvier 2018, par Jean-Louis Cathala

Épiphanie 2017

Je vais dire des choses inhabituelles, mais le Seigneur fait confiance à l’intelligence de notre foi ! Nous aimons entendre ces douces lectures du temps de Noël ; l’important, cependant, c’est d’entrevoir ce dont elles témoignent. Matthieu et Luc nous présentent dans leurs deux premiers chapitres des textes relatifs à la conception, à la naissance et aux premières années de Jésus. Ces récits, élaborés en dernier après les chapitres sur la résurrection du Christ, sa Passion et son ministère public, sont des compositions littéraires éclairées par la lumière de la foi au Ressuscité. La « très grande joie » des mages est une rétroprojection du bonheur de ces femmes « tout émues et pleines de joie » du chapitre 28 de Matthieu ; elles courent porter une bonne nouvelle ; elles ont entendu que le crucifié vient de naître d’entre les morts ! (verset 8) Les mages se réjouissent « à la vue de l’astre ». Cet astre annonce un « enfant » : « le rejeton de David » de l’Apocalypse de Jean ; il est déjà le Ressuscité qui revient ! Celui que l’Apocalypse nomme « l’étoile radieuse du matin » (chapitre 22, verset 16).

Les « évangiles de l’enfance » de Matthieu doivent aussi beaucoup à un genre littéraire appelé Midrash  : ce qui se passe pour Jésus est ainsi relié à des textes de la Torah (Pentateuque). Dans les synagogues, à l’époque, on commentait le récit de l’Exode sur la naissance de Moïse ; ces commentaires (ces Midrashim) participaient de l’actualisation d’une parole bien vivante. Les juifs disciples de Jésus ont procédé de la même façon pour montrer que le Christ accomplit les Écritures ! Et Matthieu de raconter son Épiphanie (sa manifestation au monde) en lien avec l’histoire du salut. Le Messie porte à sa perfection ce que Dieu avait commencé avec Moïse : sauver son peuple. Plus loin, l’enfant se retirera en Égypte : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils » (le verset 15 cite Exode 4, 22). Le Fils de Dieu accomplit les pérégrinations du peuple d’Israël, lui-même fils de Dieu et figure du Messie. Et de même que selon l’Exode, Pharaon veut exterminer les fils des Hébreux pour supprimer un enfant qui sera un danger pour lui, Hérode massacre des innocents pour supprimer celui qui menace son pouvoir (verset 16).

En fait, beaucoup de spécialistes de la Bible considèrent aujourd’hui que le Christ est probablement né à Nazareth (Lire : Jean, chapitre 7, versets 41 et 42). Matthieu et Luc le font naître à Bethléem pour des raisons théologiques, afin de réaliser les paroles du prophète Michée : « Toi Bethléem…de toi sortira un chef » (verset 6). Notre Évangile de ce jour n’a pas été rédigé pour informer sur des faits qui se seraient effectivement passés comme ça, mais en vue de proclamer une Bonne Nouvelle : Jésus est le descendant de David attendu par tout Jérusalem. Il est dès sa naissance digne d’adoration ! Il est le nouveau Moïse, plus grand que Moïse, celui qui accomplit une libération définitive dont la sortie d’Égypte n’était que l’annonce. Voici ce dont ces versets témoignent. Et leur témoignage est vrai. C’est notre foi !