Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Onzième heure (Mt 20, 1-16)

25 septembre 2017, par Jean-Louis Cathala

Allez, vous aussi, à la vigne !

Nous sommes naturellement enclins à faire de cette Parabole de la onzième heure - un récit propre à l’Évangile selon Matthieu - une lecture politique et sociale. Et nous y percevons une critique de notre société et de son idéologie du mérite. Le management du maître de la vigne, ce n’est pas la prime au mérite ni la rentabilité maximale pour engraisser les patrons et les actionnaires. Non ; le drôle de programme de ce viticulteur en chef, c’est que tous vivent dignement en travaillant au moins un peu chaque jour. On pourrait même, en poussant un peu le bouchon, faire un commentaire en lien avec notre brûlante actualité mélenchonienne et macronienne. Certes, il n’est pas bon de léser les ouvriers de la première heure ; mieux vaudrait s’attaquer aux privilèges des puissants ! Mais le plus important, n’est-ce pas que les innombrables chômeurs de la onzième heure trouvent un emploi, même s’il est précaire ?

Mais en fait, il n’est pas sûr que la lecture politique et sociale de ce récit soit très légitime ! Une parabole, en effet, c’est un langage ; elle parle de certaines choses pour en évoquer d’autres ! La vigne , par exemple, ce n’est pas une « vigne », mais le peuple d’Israël. Dans cette parabole, Jésus nous parle de grâce et de miséricorde. C’est la révolution du Royaume : « Les derniers seront premiers » (chapitre 20, verset 16). Je comprends ce texte à la lumière de la Parabole des deux enfants, un autre récit propre à Matthieu, où les derniers devenus premiers prennent la figure d’un enfant qui, au départ, ne veut pas travailler, mais qui finalement va à la vigne (chapitre 21, versets 28 à 32). Cet enfant et ces derniers devenus premiers, ce sont les « publicains et les prostituées » qui ont cru à la parole de conversion de Jean-Baptiste tandis que les premiers qui seront derniers, ce sont « les grands prêtres et les anciens du peuple ». La révolution non violente de l’Évangile n’engendre pas de nouveaux oppresseurs, à la différence de la « révolution d’octobre » et de presque toutes les révolutions de l’Histoire. La venue du Royaume des cieux ne crée pas de nouvelles injustices. Tous, à la fin de notre parabole, reçoivent la même somme (chapitre 20, versets 9-10). Dieu n’est pas injuste ! (Romains, chapitre 9, verset 14) La libération qu’il nous offre gratuitement n’est pas une distribution des prix. Ce ne sont pas les privilèges d’Israël ni les « œuvres », dirait St Paul, qui obtiennent la Justice, mais l’infinie miséricorde d’un Dieu qui nous appelle tels que nous sommes au service de sa vigne ; de son peuple ; de son Évangile  !