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Cœur brûlant (Jér 20,7-922ième A)

3 septembre 2017, par Jean-Louis Cathala

« Tu m’as séduit, YHVH, et je me suis laissé séduire »

Sommes-nous des gens passionnés par Dieu ? Brûlons-nous d’amour pour lui comme pour une amoureuse ou un amoureux ? Est-il seulement pour nous un pur esprit au-delà de tout ou alors aussi notre meilleur ami, notre intime ? Est-il une « personne » qui a quelque chose à voir avec notre désir d’aimer et d’être aimé ? Pour Israël, YHVH est le Dieu de l’Alliance et toutes les Écritures nous parlent de cette passion entre un Dieu fidèle et un peuple pas très fidèle. Avec l’avènement du Christ, Verbe fait chair, ce Dieu de l’Alliance fait un pas de plus ! Il vient nous aimer avec un cœur humain ! Par la mort et la résurrection de l’homme de Nazareth, cette passion humaine nous est d’âge en âge contemporaine jusqu’au jour de son Retour ! En ce jour-là, nos coeurs brisés seront comblés ! C’est à ce niveau-là que l’on peut entrevoir le sens du signe fragile et prophétique du célibat dans l’Église.

Nous avons entendu en première lecture un extrait des « confessions » du Prophète Jérémie qui a vécu à la fin du VIIième siècle. Un prophète, c’est un homme qui reçoit un appel pour annoncer la Parole à un Peuple qui se détourne de l’Alliance. Les confessions de Jérémie sont une réflexion de foi sur le drame du ministère prophétique. Il faut dire que ce bon Jérémie a été mis au pilori à cause de ses annonces de malheur ! (chapitre 20, verset 2)

Notre texte commence ainsi : « Tu m’as séduit, YHVH}}} » (verset 7). Être séduit, en hébreu, c’est être ouvert. La puissance amoureuse de Dieu appelle à l’annonce de la Parole ! Cette séduction-pénétration nous renvoie au récit de la vocation du prophète, au chapitre premier, quand YHVH fait rentrer littéralement ses paroles dans la bouche de Jérémie (verset 9).

Mais maintenant, au chapitre 20, le héros est fatigué ; déprimé ! Il a fait l’expérience d’une Parole qui l’a rendu très heureux, mais qui a aussi provoqué l’insulte et la persécution (chapitre 15, verset 15). Alors, il a la tentation de fuir, comme Jonas et bien d’autres. «  Mais , ajoute-t-il, c’était en mon cœur comme un feu brûlant  » (chapitre 20, verset 9). Ce feu brûlant, ce n’est pas le feu dévorant de la jalousie ou du Jour de YHVH. C’est tout simplement un feu brûlant : le feu intérieur de celui qui est habité par la Parole.

Nous sommes tous par notre Baptême prophètes dans une société où le Dieu de l’Église est contesté, si ce n’est oublié. Jérémie nous montre un chemin : il ne se paye pas de mots. Il voit bien que sa parole n’est pas écoutée ; alors, il réfléchit ; il choisit la voie intérieure, non pas pour se fermer aux autres, mais pour puiser la tendresse du Seigneur et la force, malgré tout, de continuer à dire la Parole.

L’épilogue de la passion de Jérémie, peut-être le rencontrons-nous au chapitre 24 de St Luc ? Au départ, les disciples d’Emmaüs ont du mal à croire la parole des prophètes. Mais pour ces deux pèlerins, tout comme pour nous aujourd’hui, la rencontre du Ressuscité rend le cœur brûlant de Jérémie contagieux. Seigneur, donne-nous ce feu de ton amour quand tu nous parles sur tous nos chemins !