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Diocèse de Montpellier

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Cananéenne (Mt 15, 21-28)

21 août 2017, par Jean-Louis Cathala

« Femme, grande est ta foi »

Cette journée particulière en ce chapitre 15 de l’Évangile selon Matthieu, nous pouvons l’accueillir du côté du chemin du Christ dans « la région de Tyr et de Sidon » (verset 21) : la route d’un juif vers les Goyim, c’est-à-dire les païens. Dans les évangiles, Tyr et Sidon jouent le rôle de Ninive, la grande ville qui s’était convertie à la prédication du Prophète Jonas (Matthieu, chap. 11, 21-22 et Jonas, chap. 3, 5-8). Ce jour-là, Jésus va faire une découverte : Il n’y a pas un peuple pur, d’un côté, et des peuples impurs, de l’autre, que l’on pourrait qualifier de « petits chiens » (verset 26). Non ! Dieu ne fait pas de différence entre les être humains. La guérison est pour toutes et pour tous !

De fait, à ce moment de sa vie, le Christ de St Matthieu est encore convaincu que sa mission, c’est seulement d’aller vers «  les brebis perdues de la maison d’Israël » (verset 24). Au chapitre 10, il avait été encore plus clair : « Ne prenez pas le chemin des païens » (verset 6). Ces deux phrases ne se lisent que dans Matthieu, car ce Premier évangile est imprégné par un contexte pharisien qui a bien du mal à s’ouvrir aux non-juifs. En tout cas, c’est peu à peu que l’homme de Nazareth a découvert sa mission et son identité profonde ; comme chacune et chacun de nous : avec le temps et grâce aux autres ! Au chapitre suivant, sur la route de Césarée de Philippe, il demandera même à ses amis : « Qui dites-vous que je suis ? » (Chap. 16, 15)

Dans notre récit de ce dimanche, l’imprévu survient : Une Cananéenne ! Rendez-vous compte : Le Fils unique du Dieu Tout-puissant se laisse remettre en question par un petit bout de bonne femme… Et une païenne, en plus ! Ceci est une magnifique leçon de vie pour notre Sainte Église, qui encore aujourd’hui n’écoute pas les femmes ! Surtout, ces versets nous invitent à nous ouvrir, à voir ce que nous pourrions faire et dire de neuf à partir de Tyr et de Sidon, c’est-à-dire à partir de la vérité de l’existence de tous ceux qui ne partagent pas nos convictions. Ceci ne vient pas simplement avec des discours ! Ce qui est déterminant, comme en cette journée si particulière, c’est la rencontre ! Pour ma part, je peux dire que l’amitié avec des gens d’une autre foi, cela a transformé mon regard et mon cœur.