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Diocèse de Montpellier

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Sur la mer (Mt 14, 22-33)

12 août 2017, par Jean-Louis Cathala

« Soyez sans crainte ! »

Nous sommes au chapitre 14 de l’Évangile selon Matthieu. Le Christ vient de multiplier les pains pour la foule, mais en même temps, il coupe court à l’enthousiasme ambigu de cette foule. Il s’enfuit pour « l’autre rive » (Chapitre 14, verset 22) : Une vie avec son Père – Abba – dans laquelle il puise jusqu’au bout de la nuit l’amour qu’il veut transmettre à ses amis. Le Messie ne vient pas pour manipuler ni les foules ni les gens. Il a besoin de vrais disciples, des femmes et des hommes libres parce que « sauvés des eaux » comme le petit peuple des Hébreux aux jours de la sortie Égypte. Alors, il marche « sur la mer » ! (Verset 25). L’accomplissement de l’Histoire du salut est déjà présent dans le quotidien de son ministère en Galilée. Celui qui marche sur la mer, lieu des puissances du mal et de la mort, est déjà le vainqueur du Livre de l’Apocalypse : « Ne crains pas…Je fus mort, et voici, je suis vivant pour les siècles des siècles, et je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts » (Apocalypse, chapitre 1, versets 17 . 18). Ces versets de St Matthieu sont un récit de Révélation qui prépare celui de la Transfiguration, entendu dimanche dernier (Chapitre 17). Sur la mer, Jésus nous est présenté comme « Seigneur » (Chapitre 14, verset 28) et « Fils de Dieu » (Verset 33) par sa résurrection d’entre les morts (Romains, chapitre 1, verset 4).

Ne craignez pas ! N’ayez pas peur ! Dans la Bible, ces mots sont le signe d’une rupture avec la crainte du Sacré (Genèse, chapitre 15, verset 1). Dans notre récit, le Seigneur dit précisément : «  Confiance ! Moi, je suis, ne craignez pas  ! » (Matthieu, chapitre 14, verset 27) La confiance : expression d’une foi qui n’est pas d’abord de l’ordre de la proclamation, mais de la guérison de la peur}}}…Et il n’est pas innocent que Matthieu, par rapport à l’Évangile selon Marc, ajoute un dialogue entre Jésus et Simon-Pierre. Il prépare ainsi un autre couplet supplémentaire, au chapitre 16, lorsque le Maître répondra à la confession de foi de l’Apôtre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle » (Verset 18). Celui qui détient les clefs du séjour des morts invite Simon fils de Jonas à sauver les gens de l’emprise de la mort. Mais pour cela, il est nécessaire que ce disciple en fasse l’expérience pour lui-même. Nul ne peut prétendre libérer les autres s’il n’a pas fait d’abord l’expérience d’une libération reçue. La foi, au fond, et c’est pour cela que l’on baptise, c’est nous jeter à l’eau malgré tous les «  vents contraires » (Chapitre 14, verset 24). Bien sûr, nous ne pouvons pas ici oublier pieusement tous ceux qui se jettent à la mer dans l’espérance d’une vie meilleure et qui, hélas, ne trouve aucune main pour les en sortir. Mais l’Évangile nous dit que pour ces frères aussi, il y aura une fin des eaux troubles. Pour eux aussi, les portes du séjour des morts ne prévaudront pas. Et ils seront debout, avec nous tous, dans la lumière.