Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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L’ivraie ( Mt 13, 24-35)

24 juillet 2017, par Jean-Louis Cathala

Vous l’avez remarqué ; j’ai lu trois « paraboles » ; celle de l’ivraie, propre à St Matthieu, celle du grain de sénevé et celle du levain ; ainsi que deux versets qui sont comme une première conclusion du discours parabolique (versets 34 et 35). Cependant, contrairement à l’évangéliste Matthieu, j’ai résisté à la tentation de tout expliquer en exposant l’interprétation officielle de la parabole de l’ivraie. Pas sûr d’ailleurs, que Jésus ait lui-même articulé cette explication ! En bon juif, il serait plutôt du genre à nous laisser le soin de faire des commentaires dans la plus grande diversité ! Une parabole, de fait, cela ne se définit pas et on ne peut pas, non plus, en donner une explication unique ou définitive !

Pourquoi Jésus parle-t-il en paraboles ? Bonne question, posée par les disciples eux-mêmes ! Au début du chapitre 13 de Matthieu, entendu dimanche dernier, le Christ semblait nous dire que les paraboles étaient un moyen pour que tous ne puissent pas comprendre les « mystères du Royaume des cieux » (verset 11). Elles participeraient ainsi de cette Révélation selon l’Évangile, une Révélation pour les petits et non pour les sages et les savants (voir : Matthieu, chapitre 11). Soit. Dans les versets que je viens de lire, le motif donné pour justifier cette façon d’enseigner est un peu différent (chapitre 13, versets 34 et 35). Ici, la parabole est tout simplement le moyen approprié pour la Révélation à tous de ces mystères cachés « depuis la fondation du monde ».

Que dire sur la parabole de l’ivraie ? ( Je laisse aujourd’hui les deux autres de côté ). Dimanche dernier, les grains tombaient un peu n’importe où. Aujourd’hui, toute la bonne semence est bien semée dans le champ (verset 24) ; ainsi que l’ivraie, semée par l’ennemi (verset 25). Et l’histoire va jusqu’à la moisson, c’est-à-dire l’heure de vérité, le discernement ultime, appelé jugement dernier (verset 30). Alors, la bonne part du blé sera séparée de l’ivraie. Ces versets invitent à la patience, une patience que Jean-Baptiste n’avait pas vraiment (chapitre 3, verset 12). Mais elle est bienvenue pour les premiers lecteurs de Matthieu, communauté minoritaire et même rejetée par un milieu pharisien resté globalement imperméable à Jésus de Nazareth. Pour le Baptiste, la moisson était proche et cela allait barder ! Ici, dans un autre contexte, l’Évangile affirme l’existence d’un temps intermédiaire. Dieu est patient. Il donne du temps au temps et permet la croissance dans la liberté. Et nous y sommes encore, aujourd’hui ! Et il nous faut attendre ; faire preuve, bien sûr, de discernement ; mais surtout nous réjouir de tout ce qu’il y a de bon et de vrai dans la vie des enfants des hommes, quelles que soient leurs convictions et leur foi. Tout est révélé, certes, mais tout n’est pas encore accompli. Notre Père est le maître de l’histoire et son Esprit accompagne avec patience et bienveillance une humanité et une Église dans lesquelles poussent et le bon grain et l’ivraie. Nous sommes dans cet entre-deux de la croissance, appelés à aimer le monde malgré toutes ses horreurs et à aimer l’Église, notre famille, avec et malgré ses lenteurs et ses misères ; à aimer les gens de nos quartiers malgré la saleté et les incivilités. Une chose est sûre : Christ a vaincu la mort. Sa victoire est certaine et nous pouvons et devons espérer que tous, nous finirons, avec l’humanité tout entière, dans le bon grenier du Royaume des cieux.