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Diocèse de Montpellier

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Fils de ce monde (Lc 16, 1-13)

18 septembre 2016, par Jean-Louis Cathala

Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent…

C’est clair, non ? L’argent, c’est la grande idole ! L’injonction qui conclue notre page d’Evangile est certes difficile à mettre en pratique, mais facile à comprendre ! En revanche, pour ma part, j’ai toujours eu du mal à percevoir le sens de l’histoire du gérant habile. Vous comprenez, vous ? Que veut nous dire le Christ ? En fouillant dans le reste de l’Evangile de Luc, j’ai quand même fait quelques découvertes…

En premier lieu, rien ne nous oblige à lire cette histoire comme une « parabole », c’est-à-dire une comparaison liée à la venue du Règne de Dieu. Le mot « parabole », d’ailleurs, ne figure pas dans ces versets. Ainsi, l’intendant astucieux dont il est question n’a rien à voir avec « l’intendant fidèle et avisé » qui attend le retour du Maître dans la parabole du chapitre 12 (verset 42).

Ensuite - deuxième réflexion - le « maître » de notre dimanche n’est pas « un homme de haute naissance » comme dans la parabole des mines (chapitre 19, verset 12) ; il n’est pas non plus identifiable au « maître de la vigne » de la parabole des vignerons homicides (chapitre 20, verset 13) ; notre « maître » d’aujourd’hui n’est pas le « Père » de dimanche dernier. Il est tout simplement un « homme riche » (chapitre 16, verset 1), cet homme riche que nous retrouverons dans l’histoire du riche et de Lazare (verset 19). C’est donc une figure négative derrière laquelle on ne saurait entrevoir le visage de Dieu.

En conséquence, l’éloge que ce maître fait du gérant malhonnête (verset 8) est tout simplement le compliment d’un « parrain » au mauvais sens du terme, d’un « fils de ce monde », envers l’un de ses semblables. Ce récit nous donne un exemple à ne pas suivre. Pour autant, il n’est pas « en creux » une invitation à nous laisser « rouler dans la farine » ! Dans notre société, il y a beaucoup de « loups » et bien peu d’ « agneaux » (chapitre 10, verset 3). Devenir des « fils de la lumière » (verset 8), des gens qui prennent au sérieux l’Évangile dans tous les aspects de leur vie, y compris au plan professionnel, c’est devenir, certes, « ingénus comme les colombes », mais en n’oubliant pas d’être aussi « avisés comme les serpents » (Matthieu, chapitre 10, verset 16). Ne tomber ni dans l’angélisme, ni dans la « magouille » ! Le Christ nous propose un autre chemin : un mélange de réalisme et de respect.

Bien sûr, le Seigneur ne nous demande pas de séparer le monde d’une manière simpliste entre « bons » et « méchants ». En revanche, il nous faut choisir : L’honnêteté ou la corruption ; le service ou la domination ; le Dieu de l’Évangile ou celui de l’argent. « Aucun domestique ne peut servir deux seigneurs » ( Luc, chapitre 16, verset 13 ).