Lavement des pieds

Nous entrons ce soir dans le disque dur de notre chemin vers Pâques ; nous approchons du cœur du mystère du Christ ; nous le regardons faire. Il habite aujourd’hui nos propres gestes ; nous voyons des mains qui lavent et parfument. C’est avec ces mains-là, ces mains d’ouvrier, que le Fils de l’homme a travaillé dur et guéri tant de désespérés ; c’est avec ces mains-là qu’il nous partage son corps et son sang ; c’est avec ces mains-là, clouées sur le bois, qu’il se donne jusqu’au bout.

Au cours de ce repas d’adieu, le Maître devenu esclave par amour prend un bassin comme il prendra la coupe de bénédiction. Le lavement des pieds, c’est comme un sacrement ; il nous montre le Christ tout autant que le partage du pain et du vin. Nous disons que ce jeudi saint est la « fête des prêtres » ; pourquoi pas ? Mais ce soir-là, Jésus n’institue aucun sacerdoce ; bien au contraire, le lendemain, sur la Croix, il accomplit et abolit tout sacerdoce en réalisant un unique sacrifice qui accomplit et abolit tout les autres. Avec lui, le sacrifice devient service, et c’est ce que nous manifeste en pleine lumière le lavement des pieds.

« A l’heure de passer de ce monde au Père » ( Jean, chapitre 13, verset 1), le geste du Seigneur-Serviteur inaugure une mort d’esclave qui nous lavera et nous libérera de toute mort, de toutes nos petites morts, de toutes les désillusions de nos pauvres vies ; de notre anéantissement devant une actualité qui nous dit que décidément, notre monde va droit dans le mur ; et pour finir, l’amour de notre Dieu viendra nous nettoyer de la grande mort, que nous redoutons, mais qui sera notre entrée définitive dans sa propre vie.

Chers amis, nous avons regardé le Christ. Nous l’avons regardé faire.

Allons-nous servir comme lui ?

Et surtout, allons-nous le laisser faire ?