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Tandis qu’ils mangeaient

11 juin 2021, par Jean-Louis Cathala

Mc 14, 12-26 St Sacrement 2021 St Tho. MPL

En ce dimanche du St Sacrement, je vous propose une seule réflexion à partir du récit de Marc : contrairement à ce qu’affirment les trois évangiles synoptiques, le dernier repas de Jésus n’a probablement pas été un repas pascal. Ce fut un repas juste avant la Pâque et dans une ambiance pascale alors que la ville de Jérusalem était déjà envahie par les pèlerins, mais ce ne fut pas le repas pascal. En effet, dans cet acte solennel - le Seder de nos frères juifs non détournés par Jésus - il y a la référence à la sortie d’Égypte, l’agneau et les herbes amères. Or, dans le récit évangélique, aucune mention des herbes ni de l’agneau ! Le Seigneur fait circuler une seule coupe, et tous boivent à cette même coupe, alors qu’à l’occasion du Seder, ce sont des coupes individuelles qui sont prescrites. Et puis, surtout, il nous faut considérer l’autre chronologie, probablement plus historique, rencontrée dans l’Évangile selon Jean, qui situe ce repas d’adieu la veille du Seder. D’après ce calendrier, Jésus aurait été crucifié le jour appelé « de la préparation », à l’heure où les agneaux étaient égorgés dans le Temple en vue du repas pascal du soir. Bien sûr, le Christ a bien eu l’intention de fêter la pâque avec ses disciples, hommes et femmes, sa vraie famille, mais les événements se sont précipités et ce ne fut pas possible. Pourtant, il a senti que le moment était venu de vivre avec ses amis un repas d’adieu. Il n’est pas étonnant qu’à la lumière de l’interprétation pascale de la mort de Jésus donnée après sa résurrection, cette lumière ait inondé le récit de ses derniers jours. Et cette petite « erreur de calendrier » de Marc, Matthieu et Luc éclaire le sens de la messe. En effet, l’événement fondateur du sacrement qui nous rassemble et qui nous construit, ce n’est pas le repas d’adieu du Christ, mais ce que ce dernier repas annonçait : sa mort et sa résurrection. La messe n’est pas une commémoration de la Cène du Seigneur, mais, sous la forme d’un repas qui lui ressemble, le mémorial, l’actualisation vivante de la Pâque du Christ, sa mort et sa résurrection. Elle est aussi le commencement de notre propre Pâque en lui, quand nous passerons de la mort à la vie pour nous retrouver avec toutes nos blessures et toutes nos larmes, avec tous les peuples, dans la joie du Festin du Royaume. Et alors, nous boirons le vin nouveau avec Jésus. Jésus, notre amour !