Sandales

Dans le texte de Marc - le plus sobre des trois évangiles synoptiques - il n’y a pas de récit sur l’enfance du Christ. L’histoire de l’accomplissement de la promesse est ainsi prise en charge par la figure inaugurale d’une voix qui crie dans le désert et prépare une route. ( Marc, chapitre 1, versets 2 et 3 ) Et voici ce qu’elle nous dit en ce jour du Baptême du Seigneur : « Je ne suis pas capable… de délier la courroie de ses sandales » ( Verset 7 ). A-t-elle quelque chose à nous raconter, cette paire de chaussures ? A l’époque, la promesse, qui est une promesse d’Alliance, de descendance et de vie, était en panne ! La Maison d’Israël se retrouvait comme une veuve. Depuis longtemps, les prophètes avaient cessé de prophétiser. On commentait certes la Torah, mais la Révélation consignée dans les Livres Saints était pratiquement déjà considérée comme achevée. La déclaration du Baptiste est une parole d’humilité. Un rabbin pouvait – dit-on – demander à ses disciples tous les services, sauf celui de dénouer sa sandale ; c’est dire la profondeur extrême de l’humilité de Jean qui dit n’être même pas digne de le faire pour Jésus !

Mais comme souvent, d’autres interprétations sont possibles : Ce verset serait peut-être une allusion à la loi biblique du Lévirat ( du latin Lévir, beau-frère, qui traduit l’hébreu Yâbâm ) dont nous parle le chapitre 25 du Livre du Deutéronome. Je le cite « Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans enfant, la femme du défunt ne se mariera pas au dehors… Son « lévir »… exercera son lévirat en la prenant pour épouse et le premier-né qu’elle enfantera relèvera le nom de son frère défunt… Si cet homme refuse… celle à qui il doit le lévirat… lui ôtera la sandale du pied…  » (Versets 5 à 9. Voir aussi : Ruth, chapitre 4 ) Nous y sommes ! J’espère ne pas vous casser les pieds avec cette histoire ! En fait, la parole du Baptiste affirme a contrario que Celui qui vient derrière lui est bien le Lévir qui accepte de relever la Maison d’Israël. Et peut-être comprenons-nous mieux, dès lors, les paroles de Jésus, qui parle d’un « époux » juste un peu plus loin, au chapitre 2 de Marc. Le Christ est l’Epoux véritable qui relève la Maison de Jacob. Il donne à Abraham une descendance innombrable chez les juifs et dans toutes les Nations. Celui qui plonge aujourd’hui dans toute l’épaisseur de nos vies est bien celui qui nous donne un avenir, même quand il nous semble que notre aventure est bien mal barrée, je vous fais grâce de notre sombre actualité de virus et de misères en tout genre.