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Homélie de Pâques 2020

11 avril 2020, par Jean-Louis Cathala

Croire en la résurrection de Jésus ?

Comment parler de la résurrection du Christ dans une société dans laquelle on croit de moins en moins en Dieu ? Et lorsque, de surcroît, même les croyants ont du mal à vraiment y croire ? Et quel crédit accorder à un discours sur la victoire de la vie alors qu’à toutes les misères du monde s’ajoute la peur d’être infecté par un virus de mort ? On est mal parti !

Que dire du point de vue de l’histoire ? Au printemps de l’année 30, Jésus monte à Jérusalem. Il pose un acte fort dans le Temple. Les grands prêtres décident alors de s’en débarrasser. Sans véritable procès, il est crucifié, vraisemblablement le 7 avril. Le préfet Ponce Pilate rend la sentence. Entre les années 35 et 40, ses disciples proclament dans tout l’Empire que : « Dieu l’a réveillé d’entre les morts ». C’est à peu près tout ce que l’on peut dire. On relève cependant trois indices : d’abord, des compagnons qui l’avaient lâchement abandonné deviennent joyeux et courageux. Ensuite, des gens profondément attachés à l’unicité du Dieu d’Israël commencent à donner à cet homme mort et enterré le titre divin de Seigneur et même à le prier : Marana tha, « Viens Seigneur » ! Enfin, au milieu du premier siècle, même dans les communautés composées essentiellement de juifs devenus disciples du Christ, le Premier jour de la semaine ( dimanche et jour de la résurrection ) supplante le jour du Sabbat, l’institution la plus sacrée du peuple d’Israël. Étonnant, non ? Tout cela est intéressant ; pourtant, bien que la recherche historique soit légitime et nécessaire pour s’approcher de l’événement, le relèvement de Jésus de la mort est une réalité qui ne peut être atteinte par la science historique, car elle provient d’un au-delà du temps et de l’espace.

Que dire du point de vue de la foi ? Foi de l’Église reçue d’âge en âge à la suite de celles et ceux qui ont eu après la mort de leur ami la vision de sa vie dans la gloire. Les récits très divers sur les apparitions du Christ ne sont pas des reportages, mais ils enseignent que Dieu l’a glorifié. Nous aussi, même si nous n’avons pas eu de telles visions, il nous est donné par l’Esprit Saint de confesser que Jésus est Seigneur et qu’il règne à la droite du Père ; par son élévation de la mort, il fait partie de la signification-même de Dieu. La foi au Ressuscité est une grâce, un don gratuit que nous ne pouvons pas par nous-mêmes nous donner à nous-mêmes. Qui plus est, « c’est seulement quand nous vivons la résurrection que nous connaissons enfin l’expérience de la résurrection » }}} (J. S. Spong) ; nous ne pouvons véritablement y croire que dans la mesure où nous avons vécu de quelque manière une nouvelle naissance : la fraternité plus forte que tous nos confinements ; la joie plus forte que la déprime ; la liberté plus forte que l’humiliation ; la tendresse plus forte que l’incompréhension ; la guérison plus forte que la maladie ; bref, la vie aujourd’hui déjà plus forte que la mort  ! Et nous pouvons alors témoigner que l’expérience de la confiance en Dieu est simultanément pour nous l’expérience du Christ vivant. A jamais. (Pâques 2020)