Comblée de grâces (Lc 1, 26-38)

L’Incarnation du Verbe, que nous allons célébrer dans quelques jours, est une Création nouvelle, un nouveau départ pour l’humanité. Et St Paul de nous présenter le Christ comme le « Nouvel Adam ». La venue du Messie nous révèle que bien plus profonde que la blessure que nous disons « originelle », il y a une grâce originelle ; Marie en est comblée. Grâce originelle en laquelle nous sommes tous aimés de toujours à toujours ; élus dans le Christ « dès avant la fondation du monde », comme l’enseigne l’Épître aux Éphésiens (chapitre 1, verset 4). Marie « immaculée » est le signe d’une humanité que notre Père envisage avec amour depuis le commencement. Le grand théologien Karl Barth disait que du point de vue de Dieu, « la réconciliation précède la Création ! »

La mère de Jésus est cette terre de la promesse en laquelle Dieu façonne le Nouvel Adam. L’Immaculée Conception nous murmure que pour l’humanité tout entière et de tous les temps, la naissance du Messie est une nouvelle chance ! « Si quelqu’un est dans le Christ, écrit Paul, il est une création nouvelle » (2 Co, chapitre 5, v. 17).

Et au fond, une chose est à bien percevoir : La redoutable puissance du mal en notre monde n’est rien en comparaison de l’infinie bonté de notre Dieu. Et le « péché » n’est pas le propre de l’humain ; celui-ci est fondamentalement bon}}} ; notre finitude, nos faiblesses et nos fragilités relèvent de cette bienheureuse humanité selon le coeur de Dieu. Au contraire, le péché, qui relève d’un dérapage, c’est ce qui abîme l’humain en nous, ce qui nous déshumanise. Marie de Nazareth, l’Immaculée Conception, n’est pas une femme surhumaine ; bien au contraire, elle est pleinement humaine. Elle nous renvoie à notre vocation à toutes et à tous, ici et maintenant : devenir humains en laissant l’amour de Dieu nous libérer de tout mal.