Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 84… : La vision d’une création continuée

2 février 2023, par Laurie

De l’idée d’une création « actuelle », il est nécessaire de passer à la notion de création « continuée » (…) On se rappelle que la foi d’Israël au Dieu créateur prenait appui sur la remémoration de ses hauts faits passés, des événements où Dieu avait arraché son peuple à un anéantissement assuré, des promesses qu’il lui avait faites dès le début de son histoire. Dans cette foi, Dieu était perçu comme étant celui qui avait donné l’origine à ce peuple (…) Une telle vision était proprement créationnelle, parce qu’elle associait le don de la terre (d’Israël) aux bienfaits de l’histoire, et exprimait ainsi la conviction que la vie venait de Dieu au peuple par le moyen de son environnement cosmique en même temps que de la conduite de son histoire par Dieu, conviction qui a énoncé son présupposé fondamental dans la foi au Dieu «  créateur du ciel et de la terre  ». Or, la foi chrétienne a entièrement assumé cette vision de l’histoire, elle en a posé le principe et le centre et le terme dans le Christ, premier-né d’entre les créatures et premier-né d’entre les morts, en qui tout ce qui est trouve consistance et réconciliation. Dans cette perspective, le rapport de Dieu au monde s’identifie à son rapport au Christ, s’origine et se consomme en lui ; ce n’est pas le rapport d’un démiurge à des choses (…), c’est la relation de vie et de conscience entre un sujet et un autre ; le monde spatio-temporel est le déploiement de cette relation en histoire et en milieu de vie. Cette vision est proprement créationnelle ; elle ne laisse pas d’être lue, il est vrai, comme une histoire de salut qui fait passer à l’immortalité ce qui est par nature destiné à la mort, mais elle peut aussi bien être lue, à l’inverse, comme le déploiement continu d’une vie promise de tout temps à l’éternité, en vertu de sa condition originaire de don, d’un don fait par Dieu à son Fils qu’il met au monde en qualité de créature. Assurément, cette foi au Dieu créateur, prise dans sa visée de la fin, se fonde sur la résurrection de Jésus à partir de laquelle la vie éternelle reflue en promesse originelle, et elle donne sens avant tout à la destinée humaine, mais pas uniquement et surtout pas en laissant de côté la réalité physique du monde (…) La foi n’est pas l’attente d’une autre vie (…) La résurrection ne pourrait pas être la destruction du rapport à ce monde, commué en rapport à un autre monde, sans être la pure et simple dissolution du moi (…) Elle n’est pas cela, mais seulement le changement de condition de son rapport au monde, par l’irruption de l’éternité dans un instant du temps du monde que je vis.