Texte Moingt 103… : La réception de la communication divine

Nous acceptons que, du point de vue de la raison critique et de l’historiographie, il n’y ait pas de séparation bien tranchée entre l’activité littéraire des scribes de Jérusalem et celles de leurs confrères d’autres cours royales, babylonienne, assyrienne ou égyptienne (…) ; nous ne serons pas gênés d’entendre dire qu’un jour des hommes « créèrent » la Bible, et de la tenir cependant pour un livre révélé. Car nous ne mettons pas la révélation dans un texte écrit, ni même immédiatement dans son contenu doctrinal, et pas davantage dans un cortège d’auteurs sacrés soigneusement désignés et dénombrés. Nous souvenant que Dieu révèle en se communiquant, de sujet à sujet (…), nous comprenons que la Parole de Dieu n’est pas chose inerte (un « dépôt), mais l’emprise vive et dynamique de son Verbe sur l’homme à qui il veut se livrer, et qu’elle n’est pas isolable de l’acte de conversion qu’elle appelle et qui est la réception « en esprit et en vérité » de la communication divine, c’est-à-dire l’acte d’accueillir Dieu qui vient en nous en nous livrant à lui en retour. (…) Nous ne situons pas la révélation en amont, dans quelque intervention miraculeuse par laquelle Dieu prendrait possession d’un homme pour le décider à parler ou à écrire ni dans l’activité de parole ou d’écriture de cet homme inspiré ni dans le livre qui recueille ces discours ; nous la situons en aval, dans la foi et l’obéissance qu’elle suscite pour être reçue.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – T. 2, Vol. 1 – Cerf 2012 – pp. 374-375