Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 106… La vérité de l’incarnation

2 novembre 2023, par Jean-Louis Cathala

Dieu n’est plus au ciel (…) il est-là comme nous sommes-là, dans une semblable appartenance au monde (…) L’incarnation (…) n’est pas un événement qui ne concernerait que Jésus (…), (mais) qui survient en Dieu même (…), c’est une « passion » de Dieu (…) Il importe de ne pas enfermer la révélation de Dieu dans l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus, mais de la déployer dans la totalité développée de cet événement et de lui laisser prendre ses pleines dimensions en amont et en aval (…) Jésus, ayant traversé victorieusement la mort en se livrant à elle pour nous, a transgressé les limites d’une existence individuelle et est parvenu à une « plénitude » d’humanité universelle, celle qu’on lui reconnaît sous le nom de « Christ », est qui est précisément celle où se révèle « l’humanité de Dieu » (…) Une telle compréhension suppose qu’on ne considère pas l’incarnation comme l’achèvement absolu de la révélation de Dieu, qu’on n’arrête pas non plus celle-ci à la mort et à la résurrection de Jésus, mais qu’on la prolonge jusqu’à son terme, qui est le don du Saint-Esprit répandu « en toute chair », par qui Dieu reste avec nous et en nous jusqu’à la fin du monde. Si on retranche cette dimension, la venue de Dieu vers nous paraît s’arrêter à la mort de Jésus et n’avoir pour finalité que son « sacrifice », et l’incarnation elle-même prend un caractère sacrificiel, elle devient l’acte du Père de livrer son Fils et de l’envoyer à la mort. En réalité, elle est le don que le Père fait de son Fils pour demeurer à jamais avec nous et en nous par son Esprit. Et c’est là où l’incarnation apparaît dans toute sa vérité comme un événement qui arrive à Dieu en lui-même et qui « fixe » sa « destinée » de « Dieu des hommes »  : en Jésus il s’est fixé dans notre histoire comme Jésus sur la croix (…) Dieu n’est pas venu en visite sur terre, il n’est pas venu y faire quelque chose pour s’en aller aussitôt, il est apparu là parce qu’il y était déjà et pour y demeurer, désormais et à jamais uni à nous, c’est Dieu même qui a pris en nous une nouvelle naissance.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – T.2, Vol. 1 – Cerf 2012 – pp. 395-397