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Texte Moingt 102… : Une théologie instrumentalisée par la politique

14 septembre 2023, par Jean-Louis Cathala

(A propos du livre d’Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman – La Bible dévoilée – Bayard 2002)

Sous le règne d’Ézéchias (à partir de 716 av. JC), le petit royaume de Juda, bénéficiant d’une récente expansion démographique et d’une prospérité tardive, soulevé par un fort élan de pensée spirituelle (sans doute venu d’Israël, des prophètes Élie et Élisée, Amos et Osée), profita de la chute de son puissant voisin du Nord (prise de Samarie en 720 av. J.-C.) dont il était jaloux, pour entreprendre une campagne d’expansion nationale et de réformes religieuses, dans le but de rassembler les douze tribus autour de la monarchie davidique et du seul Temple de Jérusalem, ce qui impliquait de proclamer Yhwh Dieu unique et de proscrire les autres cultes. Toutefois, ces objectifs ne furent pleinement atteints que sous le règne de Josias, quand fut « découvert » en 622 le « livre de la Loi » (…) Mais la tragédie qui frappa à son tour le royaume de Juda (destruction du temple en 587 et déportation en Mésopotamie) rendit nécessaire, au temps d’Esdras et de Néhémie et de la reconstruction du Temple (516), une « révision » théologique de l’histoire deutéronomique qui « subordonne habilement l’alliance avec David à l’accomplissement de l’alliance passée entre Dieu et le peuple d’Israël au Sinaï » et qui projetait sur le retour d’exil la signification et l’espérance de la libération d’Égypte (…)

La fidélité de la transmission orale, sur une longue durée, de récits soigneusement mémorisés serait-elle de nature à garantir l’historicité de leurs rédactions tardives ? L’argument a été invoqué dans le cas du Coran pour authentifier l’origine divine et la réception par Muhammad de sourates mises par écrit deux siècles après sa disparition, mais il n’a pas résisté aux investigations historiques (…) et on a noté à l’origine des « fondations scripturaires de la umma historique », l’influence de conflits sociaux et politiques, de soucis identitaires et de rivalités entre communautés religieuses, le contrôle des idées et des écritures en circulation par un pouvoir désireux d’asseoir sur elles son autorité. Faut-il s’en étonner ? Le rôle fondateur du religieux dans les sociétés anciennes est bien connu, et il est naturel que la théologie ait été instrumentalisée par la politique dans le cours de ces fondations.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – T. 2, Vol. 1 – Cerf 2012 – pp. 363-365