Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Chez un pécheur (Lc 19, 1-10)

4 novembre 2019, par Jean-Louis Cathala

Zachée ! Cette belle histoire que les enfants connaissent bien, c’est comme un appartement témoin que l’on peut visiter pour entrer dans l’œuvre de Luc, tout entière centrée sur la compassion et l’expérience de la conversion. Le tournant du récit, c’est peut-être cette remarque de l’évangéliste : « Il était de petite taille » (chapitre 19, verset 3). Certes, cet homme était un « chef » : pas n’importe quel collecteur d’impôts. Il était « riche » et puissant (verset 2). Mais il avait, comme chacune et chacun de nous, une petitesse, une faille. Détail plein de sens : nos fragilités, tout comme certains aspects de notre personnalité qui nous font être regardés de travers, ne sont pas un obstacle à la rencontre du Christ ; si elles sont assumées, elles peuvent, au contraire, devenir un « sycomore » : un tremplin pour l’accueil de son infinie tendresse. Et ceci provoque de la joie, souligne Luc (verset 6).

Peut-être pourrions-nous ce matin accueillir cette belle page d’évangile et nous laisser toucher par elle du côté du murmure  : « Il est allé loger chez un pécheur » (verset 7). Et ce murmure, en l’occurrence, n’est pas seulement celui des Pharisiens  ; il vient de « tous », précise Luc, y compris des disciples de Jésus. Vous savez que pour les juifs de l’époque, en principe, la fréquentation de quelqu’un assimilé aux pécheurs publics - et c’était le cas des percepteurs qui collaboraient avec ces païens d’occupants romains – entraînait une impureté rituelle. Avec la destruction du Temple et l’enseignement du Christ, nous avons théoriquement dépassé ce genre de conception religieuse qui empêchait l’ouverture aux autres et la manifestation de l’amour universel de Dieu. Mais ces choses-là ont la vie dure et prennent parfois en nous des formes plus subtiles et respectables. L’Évangile nous demande d’aller loger chez les pécheurs, c’est-à-dire d’aller vers les autres et de les considérer comme nos frères et nos sœurs, quelles que soient leur religion, leur origine ethnique, leurs préférences amoureuses. Quelle joie ce serait si notre communauté était de plus en plus ouverte à tous les Zachée, tous les Bartimé, toutes les « pécheresses », tous les Lévi et tous les samaritains de nos quartiers ! Et de chercher l’Évangile avec eux, et de partager avec eux notre espérance en l’infinie tendresse de notre Dieu !

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