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Diocèse de Montpellier

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Texte Moingt 52… : Le Christ au commencement des temps

10 février 2022, par Jean-Louis Cathala

(Lire l’hymne de l’Epître aux Colossiens, chapitre 1, versets 12 à 20)

Quand le croyant contemple le terme du dessein de Dieu accompli par la
victoire définitive du Christ sur la mort, le regard de la foi se retourne sur lui-même pour remonter le cours du temps jusqu’au commencement de ce dessein,
et l’eschatologie se renverse en protologie (…) S’il revient au Christ de conduire le
plan de Dieu à son terme, c’est parce qu’il a été voulu le premier par Dieu et
posé par lui au sommet de la création, parce que Dieu de toute éternité a voulu
la création en vue du royaume de son Fils, en vue de la vie éternelle que son
amour voulait communiquer à ses créatures par le Christ et en lui ; il est apparu
le premier au commencement de tout, parce que le projet de Dieu lui était
confié en sa totalité et que rien ne pouvait mettre obstacle à sa mise en
œuvre ; aucune créature n’échappe à sa seigneurie ni n’est exclue de son salut,
car il enferme en lui-même et en lui seul la raison d’être de la création (…) La
raison, pour la foi, d’affirmer que le Christ est « premier-né de toute
créature », c’est (…) qu’il est « premier-né d’entre les morts » : c’est par sa
victoire sur la mort qu’il « est devenu en tout premier » (1, 18) (…) Que le
Christ premier-né soit reconnu, en raison de sa fonction médiatrice, antérieur
et supérieur à toute créature, cela ne fait aucun doute ; qu’il soit du fait même
conçu comme existant et engendré singulièrement en Dieu de toute éternité,
c’est une affirmation qui ne se déduit pas de la précédente (…) Le Christ se
distingue de toutes choses (…) parce qu’il est voulu par priorité, selon l’ordre de
l’amour, parce qu’il est le « Bien-aimé » en qui nous avons part à l’amour que
Dieu lui porte et qu’il rend à Dieu, et pour que nous devenions à notre tour des
enfants de Dieu par notre communion au Christ. A cet égard, il n’est pas
simplement « premier », il est unique, non un fils d’adoption, mais le Fils unique
et propre, par l’entremise duquel d’autres deviennent fils à sa ressemblance
(…) Ainsi se découvre l’existence éternelle du Christ en tant que Fils de Dieu,
mais sans qu’on puisse la couper de son historicité, qui est sa solidarité avec les
créatures dont il rassemble en lui la « plénitude ». Autrement dit, l’hymne ne
révèle pas expressément l’existence cachée en Dieu d’une hypostase qui
n’aurait pas de rapport avec le temps ni avec le monde, mais il dévoile la double
appartenance du Christ au statut éternel de l’être divin et à l’ordre de la
création.

Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme – Tome 2, vol. 1 – Cerf 2012, pp. 89-98