Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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L’arbre de la connaissance (Gn 2 et 3)

7 mars 2017, par Paroisse St-Paul et Ste-Croix

Je vais essayer, le plus simplement possible, de vous partager quelques éléments de réflexion à partir de notre lecture tirée des chapitres 2 et 3 du Livre de la Genèse. Si vous ne comprenez pas tout, ce sera ma faute et vous aurez le droit soit de me gronder, soit de relire plusieurs fois l’homélie sur internet !

A la lumière du pardon universel offert dans le Christ, St Paul a développé une interprétation dramatique de la Genèse (Voir surtout : Romains, chapitre 5) ; pour lui, le Ressuscité est l’ « Homme nouveau », le « dernier Adam », et l’Adam des Écritures lui sert de contre-figure pour mettre en valeur le Christ. A la suite de Paul, St Augustin, au IVe siècle, formulera la doctrine du « péché originel ». Mais nous ne sommes pas obligés de faire une lecture si dramatique du récit d’Adam et Eve ; le mot « péché », d’ailleurs, ni apparaît pas. Et Adam – le « terreux » - n’est pas un individu qui serait le premier humain de l’histoire. « Adam », c’est vous, c’est moi ; c’est l’humanité tout entière !

Dans leur version définitive, ces versets de la Genèse ne sont probablement pas antérieurs au VIe siècle avant notre ère. Ils sont une réflexion sur une humanité qui expérimente sa condition de créature avec des immenses désirs, mais aussi des limites incontournables. Cette humanité, dont nous sommes, porte en elle une aspiration légitime à la sagesse, au discernement, symbolisé ici par l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais. (Les spécialistes relèvent que dans ce récit, le vocabulaire et le style sont ceux de la littérature de « sagesse »). Cette humanité fait aussi l’expérience de la présence du mal ; mais le texte reste mystérieux sur son origine. Il constate le mal ; il ne l’explique pas. Peu à peu, la Torah montrera que l’être humain n’est pas impuissant face au mal. Il peut le dominer. Dans la longue aventure de nos vies, le Dieu de l’Alliance nous propose un dialogue. Et nous savons que sa miséricorde s’étend d’âge en âge et que la vie en abondance, plus belle que tous les paradis perdus, aura le dernier mot.

Pour le peuple d’Israël, la sagesse appartient à Dieu seul. Le sens de l’interdit, du commandement – ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Chapitre 2, verset 16) - ce n’est pas que YHVH-Elohim, le Seigneur-Dieu, voudrait barrer aux êtres humains le chemin de la sagesse ; c’est pourtant ce que prétend le serpent. En fait, le Dieu de l’Alliance désire partager la sagesse, mais celle-ci doit être accueillie comme un don. On pense à la prière du Roi Salomon lors du songe de Gabaôn : « Donne à ton serviteur un cœur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal » (1Rois, chapitre 3, verset 9). Nous le savons : il n’y a pas de croissance pour les enfants des hommes sans expérience du manque et sans acceptation positive de l’interdit}}}. Au fond, ces versets nous enseignent que seule une relation d’Alliance peut donner sens au commandement et l’envisager non comme une loi arbitraire, mais comme un chemin de vie dans notre condition de créatures nécessairement limitées.

Deux petites conclusions à emporter :

1 - Il est inévitable qu’il y ait des tensions dans nos cœurs fragiles, car nous sommes finis, tout en ayant des désirs infinis !

2 - Le Dieu d’Israël n’est pas jaloux de son omniscience. Il ne veut nous interdire l’accès ni à la connaissance, ni à la liberté. Cela, c’est une image pervertie de Dieu qui a produit des millions d’incroyants ! Le Seigneur ne nous refuse rien ; mais nous ne pouvons recevoir ses bienfaits que comme des dons, dans une relation d’Alliance ; non de concurrence, mais de confiance.