Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Couché dans une mangeoire (Lc 2, 1-14)

5 janvier 2017, par Jean-Louis Cathala

Noël 2016

Dans la nuit de Noël, le « Verbe » de Dieu, son dessein, sa Parole, prend chair de notre chair, vie de notre vie, pauvreté de notre pauvreté. Il entre vraiment dans notre histoire. Comment accueillir la Nativité en dépassant une sorte de joie infantile dans laquelle nous oublions quelques jours tous nos problèmes ?

Dans les deux premiers chapitres de Luc, les récits de l’enfance du Christ ne sont pas des reportages, mais des textes théologiques écrits en dernier, comme toute bonne introduction, dans ces constructions littéraires que sont les évangiles. Quand vous entendrez la version liturgique à la fin de la Messe, vous n’entendrez pas : « Il était une fois, dans la crèche de Bethléem, le petit Jésus, l’âne et le bœuf… » Bien sûr, c’est bien de raconter les choses comme cela aux enfants, mais quand ils grandissent, ils jettent bien souvent ce petit Jésus avec l’eau de son bain !

Comment passer de l’émerveillement au consentement ? De l’émerveillement de l’enfance, bon et nécessaire, au consentement d’une foi adulte ? Nous avons la chance d’avoir l’intelligence des Écritures. Elles regorgent de sens, de signes et de vérité. Juste un exemple : dans le récit de Luc, un signe est donné aux bergers : « Un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire ». Un peu plus tôt, vous entendrez que Marie enveloppe son fils premier-né de langes et le couche dans une mangeoire. Si l’on regarde le texte original, on découvre que dans le verset du signe donné aux bergers, Luc utilise un verbe qui évoque un mourant que l’on étend sur le sol ; ce verbe grec, on le retrouve à la fin de l’Évangile de Luc : Joseph d’Arimathie descend Jésus de la Croix, «  l’enveloppe dans un linceul et le met dans une tombe taillée dans le roc, où personne encore n’a été couché » Un détail qui fait signe et produit du sens. Entre le début et la fin de l’histoire, il y a comme un air de famille ! De fait, les récits de l’enfance de Jésus sont profondément imprégnés par l’événement central de notre foi d’adultes : la Résurrection. La nuit de la Nativité est une anticipation de la nuit de Pâques ! Le premier-né de la vierge Marie, couché dans la mangeoire, c’est celui-là même qui sera couché dans un tombeau vierge afin de renaître comme premier-né d’entre les morts, premier-né d’une multitude, frère aîné de nous tous aujourd’hui !

Vous voyez, nous pouvons laisser s’évaporer l’eau du bain de notre enfance et prendre nos distances avec la religion du petit Jésus…. Mais c’est pour accueillir le Ressuscité jour après jour. Noël est déjà l’expérience d’une confiance en Dieu éprouvée par la vie. La Nativité est un appel à naître et à renaître sans cesse comme des gens debout, dans une foi toujours plus libre  !