Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

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Diocèse de Montpellier

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Pas de place (Lc2,1-14)

26 décembre 2015, par Jean-Louis Cathala

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. »(Lc2,7). Ce bout de phrase a pris en moi pas mal de place en ces jours ! Dimanche dernier, dans le centre commercial où je travaille, il n’y avait « pas de place », paraît-il ! Du jamais vu ! Plein de monde ! Pleins, les caddies ! Pleins de foie gras et de cadeaux ! C’était plein, mais aucune chance et « pas de place » pour le Messie dans la salle commune de la consommation bienheureuse ! « Pas de place », au fond, bien souvent, dans notre société, pour la transcendance et la question, dans la salle commune de nos idées reçues et de nos idéologies dominantes.

Parfois, en cherchant bien, on trouve quand même un peu de place ! Jeudi dernier, c’était la fête de Noël à Emmaüs, une fête qui sentait l’Evangile. A la fin du repas, une personne a dit simplement : « Je vous remercie ; cela faisait des années que je « galérais », et vous, vous m’avez accueilli… »

Le mot « place », « topos » en grec, on le retrouve seulement 4 fois dans l’Evangile de Luc, et c’est au chapitre 14, essentiellement dans le discours de Jésus sur la « dernière place », quand il dit « va te mettre à la dernière place… » avant de conclure : « Celui qui s’abaisse sera élevé… ». C’est intéressant de lire ce texte en parallèle avec l’Evangile de la Nativité ; dans la nuit de Noël, en effet, non seulement Dieu fait l’expérience du refus et du manque de place, mais il accepte, par amour, d’aller se mettre à la « dernière place » ; notre Sauveur et notre Roi accepte d’être « déposé dans une mangeoire », souligne Luc (Lc2,7). C’est le retournement de l’amour, l’amour de celui qui dira : « Ma vie, on ne me la prend pas ; c’est moi qui la donne… »(Jn)

Au fond, c’est dans cette exclusion de la salle des hôtes et dans cet abaissement de la mangeoire que nous comprenons que Noël, c’est déjà Pâque ! Vous connaissez probablement cette icône orientale de la nativité qui manifeste le lien entre ces deux évènements ! Cette semaine, le petit Paul, 7 ans, qui n’étudie ni les théologiens ni les icônes, me disait que son père avait fait une crèche qui ressemblait au tombeau de Jésus… Dans la nuit de Noël, l’Enfant de la mangeoire prend la dernière place, mais il est le « Premier-né », le « premier-né » de Marie (v.7). Dans la nuit de la Croix, ce même enfant prendra aussi la dernière place et le rang des malfaiteurs (Lc22,39). Mais le Père le relèvera comme « Premier-né » d’une multitude, « Premier-né d’entre les morts »(Col.1,18).

Oui, cette nuit-là, il n’y avait « pas de place » pour cet enfant, mais grâce à lui, il y aura toujours « encore de la place »(Lc14,22), comme le dira le serviteur dans la « parabole des invités qui se dérobent », « encore de la place » pour les bergers, des gens peu fréquentables, au festin du Royaume. Evidemment, cela dépend aussi de nous ! Si je n’ai pas de place et de temps pour les autres, si je cherche toujours la meilleure place, si je prends trop de place dans un groupe, si je prends la place des autres, alors, bien sûr, le petit enfant de Bethléem n’a aucune chance ! Mais si je tiens tout simplement ma place, tout en laissant les autres prendre la leur, si j’accepte de ne pas toujours être le premier, si j’accepte le manque et la frustration dans la confiance, alors, dans ma vie, le Messie trouvera sa place ! Joyeux Noël !