Epiphanie (Ep 3, 2-6)

Le « mystère » a bon dos ! Nous disons, par exemple : « La Trinité, c’est un mystère » ; et nous ne cherchons pas à comprendre… Mais la foi est une aventure dans laquelle, Dieu merci, nous nous posons des questions et sommes appelés à chercher à comprendre ! Au sens chrétien, d’ailleurs, le mystère n’a pas grand-chose à voir avec ce que nous appelons l’ésotérisme : une sensibilité spirituelle selon laquelle il n’y a pas de Révélation au cœur de l’Histoire, mais seulement des secrets réservés à des initiés. Rien de tel pour l’Epître aux Ephésiens ! Ici, le mystère, c’est le dessein éternel de l’amour de Dieu tel qu’il s’est manifesté par « révélation  » (Chapitre 3, verset 3) dans l’histoire réelle du peuple d’Israël et de Jésus de Nazareth, mort et ressuscité. Le mystère est donc inséparable du concret de nos existences, ici et maintenant.

En cette Solennité de l’Epiphanie, nous fêtons la manifestation du Sauveur au monde. Le récit de Matthieu sur les mages nous donne à contempler une réalité fondamentale : « Les païens, c’est-à-dire les non-juifs devenus disciples de Jésus, sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la promesse. » (Ephésiens, chapitre 3, verset 6) C’est la Fraternité sans frontière ! La grande ouverture à l’universel, certes présente dans le Judaïsme, mais qui prend avec l’Avènement du Messie une dimension nouvelle. Pour la foi chrétienne, ce qui importe, ce n’est pas le ticket aller vers Jérusalem, comme dans notre première lecture tirée du Livre d’Isaïe (Chapitre 60), mais l’autre chemin, le ticket retour ! Ce que Jésus dira à ces disciples après la Résurrection : Allez donc vers toutes les Nations ! (Matthieu, chapitre 28, 19)

Aujourd’hui, de quel supplément d’ouverture aurions-nous besoin ? Il est bon d’être fidèle à notre identité et d’en être heureux, mais sans nous raidir ! Et malgré la violence dont les chrétiens sont victimes dans beaucoup de pays, le mystère du Christ nous appelle, chacune et chacun à sa manière et à son niveau, à chercher encore et toujours à détruire tous les murs de haine et d’incompréhension. (Voir : Ephésiens, chapitre 2, versets 15 et 16) Souvent, ce sont les autres qui nous donnent des leçons d’Evangile : Voici quelques jours, au Kenya, un bus a été arrêté : les criminels voulaient faire descendre tout le monde et séparer les musulmans des chrétiens afin de tuer ces derniers. Les musulmans s’y sont opposés, sauvant par-là même leurs frères chrétiens ! Magnifique, non ?