Paroisse Saint-Paul et Sainte-Croix

Quartiers de Celleneuve et la Paillade

Diocèse de Montpellier

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Que s’est il passé à la résurrection ?

8 avril 2021, par Jean-Louis Cathala

Un essai de reconstruction de J.S. Spong dans « La résurrection, mythe ou réalité ? » - karthala 2016. ( C’est une lecture possible parmi d’autres, rien de plus, mais c’est très beau et intéressant ! )

« Jésus est mort seul… comme un criminel exécuté publiquement (… )Je pense qu’il est tout à fait possible que Marie-Madeleine, à un moment, ait cherché à trouver l’ultime lieu où reposait Jésus (…) Les disciples allèrent « chacun chez soi ». Et pour Simon, que l’on appellerait un jour Pierre, ainsi que pour tous les autres, probablement, « chez soi » voulait dire « en Galilée » (…) Ensemble, ils analysaient ce qu’ils avaient vécu et cherchaient à en découvrir le sens (…) Jésus, qui avait été intensément présent dans l’esprit de sa petite troupe, était maintenant intensément absent de l’existence de ceux qui tentaient de reconstituer leurs vies (…) Pour des raisons de survie économique et d’équilibre psychique, ils devaient retourner à leur gagne-pain (…) Chaque fois qu’ils bénissaient le pain pour commencer le repas matinal, ils se souvenaient sûrement d’un autre repas pris à Jérusalem, dans une salle à l’étage, par une nuit étrange et fatidique (…) Jésus leur avait-il ordonné de rompre le pain en mémoire de lui quand ils se réuniraient ? Ou ont-ils commencé par le faire avant de justifier cette tradition dans sa bouche a posteriori ? (…) Jésus avait été exécuté sur une croix en bois. La Torah (…) qualifiait de maudit celui qui était suspendu à un arbre. Quelle arrogance il aurait fallu à des pêcheurs ignorants pour se permettre de dire autre chose ! Jésus ne devait pas venir de Dieu. Il devait avoir tort (…) (Mais) comment quelqu’un aurait-il pu être si pleinement au service de la vie et ne pas être en même temps au service de Dieu ? (…) Il y avait quelque chose qui clochait dans la tête de Simon (…) Comme le temps de la fête (des Tentes - Sukkoth) approchait, sa teneur entrait tout naturellement dans l’esprit de Simon, et il commençait à l’associer avec la mort de Jésus qu’il tentait constamment de comprendre (…) Il se battait avec ses pensées, il travaillait aussi (…) Cette nuit (…) ils avaient fait une prise de poisson particulièrement abondante (…) Une fois la pêche mise à l’abri (…) ils sortirent le pain qu’ils avaient gardé dans le bateau (…) Simon, comme membre le plus âgé du groupe, fit la bénédiction rituelle. Des images lui affluaient à l’esprit : le psaume 118 de la fête des Tentes, « je ne mourrai pas mais je vivrai » ; les paroles de Zacharie, « Ils regarderont vers (…) celui qu’ils ont transpercé » ; et cette nuit terrible au cours de laquelle Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna, en disant que ce pain était son corps (…) Soudain Simon comprit tout. Que la crucifixion n’était pas un châtiment, mais un acte délibéré. Que la croix constituait la toute dernière parabole de Jésus, qui s’était jouée sur la scène de l’histoire afin d’ouvrir les yeux de ceux qui n’auraient pu autrement comprendre que Jésus était le signe de l’amour de Dieu (…) Que la mort de Jésus constituait le dernier épisode de l’histoire de sa vie. Qu’elle démontrait comme rien d’autre n’aurait pu le faire que c’est en donnant sa vie qu’on la trouve (…) Simon comprit ce matin-là le sens de la crucifixion comme il ne l’avait jamais compris jusqu’alors, et il se sentit aimé malgré ses doutes, ses peurs et ses reniements, comme il ne l’avait jamais été auparavant. C’est ainsi que l’aube pascale se leva sur l’histoire de l’humanité. On pourrait dire à juste titre qu’à ce moment Simon se sentît ressuscité. Le chagrin, la confusion et la dépression qui obscurcissaient son horizon disparurent de son esprit et, à cet instant, il sut que Jésus participait de l’essence même de Dieu ; à cet instant, il sût que Jésus était vivant. C’était comme si des écailles lui étaient tombées des yeux, et Simon vit le royaume dans lequel nous sommes plongés à chaque instant, un royaume de vie et d’amour, un royaume divin d’où Jésus lui apparaissait. Était-ce quelque chose de réel ? Oui, je suis convaincu que ce l’était. Était-ce objectif ? Non, je ne le pense pas. Cela peut-il être réel sans être objectif ? Oui, je le pense, car « l’objectivité » est une catégorie qui mesure des événements situés dans le temps et dans l’espace. Jésus apparut à Simon à partir du royaume de Dieu, et ce royaume n’est pas situé dans l’histoire, il n’est pas délimité par le temps et l’espace. Était-ce donc de l’ordre de l’illusion ? Je ne le crois pas, mais il y aura toujours des gens qui n’ont pas les yeux ouverts et des gens qui ne verront jamais ce que Simon a vu ; aussi penseront-ils toujours que tout cela n’est qu’illusion (pp. 256 à 271).